Eduquer aux médias sociaux est un enjeu actuel majeur. Aujourd’hui, de nombreuses classes les intègrent dans leurs cours, les employant à des fins pédagogiques. A travers l’exemple de Twitter, Facebook et Wikipédia, découvrons des expériences originales qui favorisent l’apprentissage !
Chaque jour, nous faisons l’expérience des médias sociaux. Un « j’aime » sur une photo de profil Facebook ou une alerte pour nous informer que Thierry nous a accepté dans son réseau Linkedin. Un usage privé et/ou professionnel qui se veut intuitif mais qui fait souvent débat tant les dérives peuvent être dommageables : bad buzz, cyber harcèlement, fake news…
Conscients de l’importance de ces nouveaux outils et de leur influence sur les jeunes, les professionnels de l’éducation ont pour mission de les éduquer. Au-delà de la phase de prévention, il s’agit d’intégrer les médias sociaux dans un processus d’apprentissage en les utilisant comme des outils pédagogiques à part entière.
A la conquête des médias sociaux
A l’école ou à l’université, utiliser les médias sociaux ne suffit pas. Malgré les réticences de certains professeurs à employer ces outils qui parfois les dépassent, leur usage en classe doit faire l’objet d’une réflexion profonde. L’enseignant doit disposer de l’ensemble des ressources. Il doit connaitre les spécificités de chacun d’entre eux, s’informer sur les lois, les dérives et réfléchir aux projets à mener avec sa classe. Outre l’aspect ludique, il faut penser à la valeur ajoutée des outils et s’adapter aux programmes scolaires. Les médias sociaux doivent donc être détournés et pensés pour être employés à des fins pédagogiques.
Investir le champ des possibles…
De nombreux exemples d’utilisation venus du Québec ou de France inspirent aujourd’hui la Belgique.
Créé en 2006, Twitter est le réseau de microblogging connu pour son logo emblématique, sa limitation à 140 caractères et l’incontournable chanson de Stromae !
« Ce n’est pas la pédagogie qui s’adapte à Twitter mais Twitter qu’on adapte et devient un outil pédagogique » Laurence Juin – Professeur de lettres-histoire géo.
Employé dès la maternelle, Twitter offre aux enseignants un espace de production et d’échange pour faire l’apprentissage de différentes matières. Plusieurs professeurs témoignent déjà de la richesse d’action et du côté ludique et motivationnel de l’outil. Dès lors, qu’est-il possible de faire en seulement 140 caractères ?
Co-construire un récit inter-écoles sur base de mots-clés pour le défi Alphabet ou enrichir son vocabulaire avec #Motchic, sur Twitter : les exemples pédagogiques ne manquent pas ! C’est pourquoi de nombreuses initiatives sont aujourd’hui relayées, suivies, adoptées partout à travers le monde !
Par exemple, corriger une dictée via Twitter, c’est le défi soumis aux écoles par le projet Twictée ! Le principe ? Réaliser une dictée de manière traditionnelle en classe et choisir certains passages avec fautes à publier sur Twitter. Intervient alors une « classe miroir » qui développera et publiera des twoutils – règles de grammaire, conjugaison, orthographe…pour permettre la correction de la dictée, le tout sous la surveillance et la validation du professeur !
Pourquoi c’est intéressant ?
L’exemple fait le lien entre éducation traditionnelle (réalisation d’une dictée en classe) et intégration du numérique dans un second temps. Twitter amène une dimension ludique et sociale qui permet de dédramatiser le concept d’erreur. Conséquences ? Les enfants sont motivés à réaliser leur dictée et à la partager avec l’autre classe. Cette dernière doit quant à elle apprendre à synthétiser les règles. Une relation se crée alors entre les enfants mais aussi entre les enseignants qui échangent sur leurs méthodes d’enseignement.
S’il est, de loin, le réseau social le plus connu et utilisé dans le monde à des fins privées, Facebook n’en est pas moins un outil à fort potentiel dans le milieu pédagogique.
Prenons un exemple concret :
Professeur en 5ème secondaire, vous débutez l’année avec l’un des plus gros morceaux de la littérature française, la lecture d’une œuvre du 19ème siècle ! Le verdict est tombé, ça sera Jacquou le Croquant d’Eugène Le Roy ! Un ouvrage de 416 pages qui en font mille, écriture 10 et en ancien français de surcroît ! Inutile de dire aux étudiants que le film, paru la même année, s’éloigne un tant soit peu de l’œuvre originale…. Devant leur mine déconfite et leurs nombreuses machinations pour éviter cette pénible lecture, vous leur proposez une utilisation bien plus originale !
Faire vivre les personnages du livre via Facebook, en voilà une idée qu’elle est bonne !
Le principe ? S’approprier l’histoire et le vécu des personnages pour concevoir un profil Facebook fictif. D’où viennent-ils ? Avec qui sont-ils en relation ? Qu’est-ce qu’ils aiment ?… Chacun des protagonistes prend vie grâce à la création du profil et aux interactions qui se tissent entre les personnages. Jacquou sera-t-il ami avec le comte de Nansac ? Se mariera-t-il avec La Bertille ou avec Lina ? Quel sera son message pour convaincre les foules rebelles ?
Pourquoi c’est intéressant ?
Via Facebook, les cours d’histoire, de français, de géographie… prennent une dimension ludique. On aborde une œuvre, un projet, un exposé de façon originale, invitant d’une part à la recherche d’informations et en favorisant d’autre part la création de contenu fictif ou réel, la vérification et l’authenticité des faits. On réfléchit un pas plus loin en s’appuyant sur le point fort du réseau social : la mise en connexion des uns et des autres.
Wikipédia
Qui dit Wikipédia pense copier-coller et méfiance par rapport à la véracité des faits. Après tout, qui n’a jamais entendu « surtout n’utilisez pas Wikipédia, c’est un ramassis de bêtises ». Qui a-t-il derrière cette « encyclopédie collaborative » pour qu’elle soit autant diabolisée ? Est-elle réellement aussi « mauvaise » que voudraient bien le laisser croire ses détracteurs ? Ne serait-il pas plus profitable de s’intéresser aux mécanismes de fonctionnement de ce média, d’en faire l’usage pour en comprendre les ficelles ?
« Apprendre cette communauté, c’est aussi apprendre une culture numérique »
Alexandre Hocquet Enseignant à l’Université de Lorraine
A l’UCL, les étudiants de fin de cycle en communication sont amenés à collaborer à la construction d’une page Wikipédia.
Première impression ? Ecrire un article sur Wikipédia ? Rien de plus simple ! Tout le monde peut écrire ce qu’il veut ! Eh bien non! A peine les premières lignes écrites que voilà déjà les foudres de la communauté « wiki »qui s’abattent sur les étudiants. Une communauté qui veille autant que possible à l’exactitude des faits et à l’importance des sources !
Pourquoi c’est intéressant ?
Ecrire sur Wikipédia demande un réel travail de référencement. Les étudiants doivent d’abord réfléchir aux différentes sections pertinentes à développer. Ensuite ils doivent entreprendre un véritable processus de recherche et de lecture pour terminer par la phase de rédaction. Une démarche fructueuse, puisqu’elle permet de s’approprier l’outil, d’en devenir pleinement contributeur et d’en découvrir les règles complexes.
L’enseignant peut donc évaluer différentes compétences : l’organisation du travail collaboratif, la qualité du contenu, le référencement et le croisement des sources, la stratégie de recherche…tout en enseignant aux étudiants les limites et possibilités du média.
WIKIPEDIA, un kit démarrage pour une utilisation en classe.
Intégrer les médias sociaux, quel(s) intérêt(s) ?
Premièrement, sensibiliser les jeunes aux usages et problématiques des médias sociaux et de l’internet doit faire partie intégrante des programmes scolaires. Outre la phase de prévention, il faut enseigner aux jeunes les « bonnes » pratiques, les accompagner pour développer un esprit critique face à ces technologies nouvelles. Et pour ce faire, quoi de mieux qu’un usage pédagogique ?
Deuxièmement, il faut également pouvoir capter l’attention des jeunes, être original dans la méthode d’enseignement. Une démarche dans laquelle les médias sociaux s’inscrivent parfaitement. Le côté ludique et interactif devient un facteur motivationnel déterminant et ce, dès le plus jeune âge. Fini l’écoute passive des cours, powerpoint à l’appui, les médias sociaux offrent un espace d’expression commun. Chacun devient donc acteur de son apprentissage. Production de savoir, échange, veille, les élèves apprennent la coopération, le travail d’équipe tout autant que l’autonomie. Ils brisent les frontières et créent du lien, entre eux mais aussi avec les autres.
Mettre en place des dispositifs et encourager l’utilisation des nouvelles technologies à l’école est une étape incontournable ! En Wallonie, plusieurs projets pilotes voient le jour sous l’impulsion de Digital Wallonia et dans le cadre du projet « Ecole Numérique ». L’objectif ? Offrir aux jeunes générations les clés de compréhension de ces outils. Il faut accompagner les usages tout en « réinventant », en enrichissant les méthodes d’enseignement.
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