Face à l’urgence sanitaire, la recherche de vaccins anti-covid (SARS-CoV-2) est foisonnante : une cinquantaine de vaccins* sont en cours de développement et/ou en tests[i]. La Belgique a actuellement préacheté 5 vaccins différents[ii] dont 3 se basent sur une nouvelle technologie, les vaccins à ARN messager.
— Article rédigé par Nathalie Clausse, responsable pédagogique au Pass —
Comme tous les vaccins, ceux à ARN messager visent à « éduquer » notre système immunitaire pour qu’il puisse préparer à l’avance une riposte adaptée en cas d’attaque du virus.
En pratique, un vaccin sert à présenter à notre système immunitaire un élément qui ressemble au virus à combattre mais qui n’est pas actif, un leurre en quelque sorte.
Le leurre, différentes natures :
Les premières techniques de vaccination consistent à stimuler le système immunitaire en lui présentant un virus complet mais inactivé par la chaleur ou par un traitement chimique[i]. Pour faire face à la Covid-19, la Belgique a opté pour une autre stratégie de vaccination sélectionnant les vaccins qui présentent à notre système immunitaire seulement une petite partie du virus : la protéine S pour spicule ou Spike en anglais, représentée en rouge sur l’image ci-contre.
La protéine S en action
Cette protéine S peut être préparée artificiellement en laboratoire, puis injectée[ii]. Cependant injectée seule, elle est fragile et doit être accompagnée d’autres molécules. Ces molécules dites adjuvantes vont aider à augmenter la réaction immunitaire.
Une autre technique également retenue par la Belgique dans le choix des vaccins, consiste à compter sur nos propres cellules pour fabriquer la protéine S. Ceci est faisable car nos cellules, pour leur fonctionnement normal, fabriquent sans arrêt des protéines sur base de notre matériel génétique. Si on leur fournit le matériel génétique correspondant à la protéine S, elles vont la produire également.
Pour faire entrer l’information dans nos cellules :
2 voies possibles :
1. Utiliser un virus connu dont on a enlevé la partie d’information génétique qui le rendait pathogène pour la remplacer par la partie correspondante à la protéine S.
Une fois dans nos cellules, l’information génétique sera traduite et utilisée pour fabriquer cette dernière. Deux des vaccins retenus par la Belgique utilisent cette technique[iii]
Selon les premiers essais cliniques publiés par Astra Zeneca, le vaccin présenterait une efficacité d’environ 90% pour 2 injections dont la 1ère à demi-dose[iv].
2. Lui envoyer l’information sous forme d’un ARN messager, une première dans l’histoire de la vaccination. Ceux-ci sont des supports d’information génétique habituels pour nos cellules puisque ce sont ces ARN messagers qui permettent tous les jours à nos cellules de lire les recettes des protéines qu’elles doivent produire pour leur fonctionnement normal.
Dans les 3 vaccins à ARN messager préachetés par la Belgique, un arn messager -spécifique de la protéine S- est enrobé dans de simples gouttelettes de graisse pour permettre son entrée dans nos cellules.
Selon les premiers essais cliniques, cette technique très récente semble présenter une grande efficacité ; 90% et 95 % respectivement pour Pfizer et Moderna.
- Deux avantages :
- Les ARN messagers ne rentrent pas dans le noyau de nos cellules où est conservé notre propre patrimoine génétique.
- Ils peuvent être produits très facilement et de manière peu coûteuse.
- Deux inconvénients :
- Ils sont fragiles et doivent donc être conservés dans des conditions de froid extrêmes**
- La technique est très récente et ne permet pas beaucoup de recul sur son utilisation.
A cet instant, les États-Unis et l’Angleterre ont démarré leur campagne de vaccinations via ces techniques. Gageons que leur expérience nous permettra d’en apprendre plus.
Comme le souligne le patron de Curevac, les efforts réunis de production de plusieurs firmes seront nécessaires si on veut assurer une vaccination rapide dans les meilleures conditions possibles.
A lire également : Vaccin : l’entraineur de notre système immunitaire
** La firme Allemande Curevac – avec qui la Belgique vient de signer un dernier contrat de préachat, annonce une plus grande stabilité à des températures moins basses.
[i] Technique utilisée aujourd’hui contre le SARS-CoV-2 en Chine et en Inde.
Également utilisée contre la grippe saisonnière chez nous.
[ii] Principe du vaccin anti Sars cov 2 de l’association « Sanofi-Pasteur-GSK »
[iii] Principe du vaccin anti Sars cov 2 de « Johnson et Johnson » et de « Astra Zeneca ».
[iv] https://ds1.static.rtbf.be/uploader/pdf/4/f/a/rtbfinfo_22a897571f02ff57db49f321632d6ea1.pdf
[i] https://www.mesvaccins.net/web/vaccines?utf8=%E2%9C%93&name_or_disease=disease&search-by-name=&search-by-disease=57&commit=Chercher&search-by-age=&age_unit=ans#).
[ii] https://www.afmps.be/fr/humain/medicaments/medicaments/covid_19/vaccins
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