Riton, Bubulle, Anatole et José font l’unanimité auprès du public! Tout droit sortis de l’imaginaire de Pauline Brunner, Marion Verlé et Mathieu Aglossi, ils sont les héros du nouveau film « PAS BÊTES », coréalisé par SPARKOH! et AVRIL film. Si les spectateurs se laissent totalement immerger dans l’histoire de Riton grâce à la projection sur 5 faces et aux effets 4D signés FX3, en amont, ce film pédagogique est surtout l’aboutissement d’une réflexion et d’un travail intense mené par le département muséo du SPARKOH!

Qu’est-ce que l’intelligence animale ? Comment l’aborder à travers une œuvre muséale ?
Comment rendre le propos accessible et ludique pour tous, dès 3 ans ?

Un véritable défi relevé par Caroline Vrammout, Directrice des expositions et de l’ingénierie culturelle au SPARKOH!, en proposant un film hybride de 20 minutes sur les super sens des animaux de compagnie. Rencontre.

Pourquoi as-tu choisi la thématique de l’intelligence animale ?

De façon générale, le choix d’une thématique se base sur 3 critères : l’adéquation avec nos missions en tant qu’institution de vulgarisation scientifique, l’attrait ou la sensibilité du grand public pour telle ou telle thématique et la correspondance avec les objectifs pédagogiques, en lien avec les programmes scolaires. Un réel jeu d’équilibre pour coller à tous les besoins.

Pour PAS BÊTES, le choix s’est porté sur plusieurs éléments spécifiques :

  • L’éthologie et l’intelligence animale, sont des thématiques actuelles :
    De plus en plus d’études scientifiques sont menées dans le domaine de l’éthologie. Aujourd’hui, la science va plus loin dans la recherche sur la connaissance cognitive des autres espèces. Il y a une tendance qui se dessine pour essayer de sortir de la position anthropocentrée afin de faire évoluer notre vision d’être humain sur la notion d’intelligence.
  • Le grand public a un lien particulier avec les animaux de compagnie :
    Les animaux de compagnie partagent le quotidien de nombreuses familles. Il semblait donc intéressant et important de sensibiliser ces dernières sur cette thématique particulière en l’abordant à travers des animaux qu’ils connaissent.
  • Le respect du vivant est devenu un enjeu politique, environnemental et social :
    Depuis plusieurs années, la question du bien-être animal, et le respect du vivant au sens large, est de plus en plus présente dans les débats politiques, environnementaux et sociétaux. Les associations et certains experts poursuivent la lutte pour une meilleure prise en compte des animaux et de leurs besoins respectifs tandis que les politiques évoluent et transforment petit à petit la société.

En amont de la réalisation du film, tu as invité les visiteurs à poser leurs questions sur leurs animaux de compagnie, pourquoi est-ce important pour toi d’impliquer les publics ?

Photo de caroline, directrice des expositions et un chat

Faire intervenir les publics dans la réflexion, une fois la thématique définie, permet de prendre la température pour voir quel type de questions ils se posent, cerner leurs attentes et ainsi pouvoir affiner la thématique et proposer les bonnes expériences. Dans le cadre du film, deux questions précises ont été préalablement posées aux visiteurs sur le sujet :

« Avez-vous des animaux de compagnie, si oui, lequel/lesquels ? » et « Qu’aimeriez-vous découvrir sur vos animaux de compagnie ? ». Les réponses ont été multiples : est-ce que c’est vrai que certains animaux ont un sixième sens ? Est-ce que les animaux ressentent des émotions ? Est-ce que les animaux nous comprennent ? Si oui, sont-ils perdus avec les langues de tous les pays ? Est-ce qu’un animal aime vraiment ? Pourquoi les chiens sont gentils avec nous ? Les chats voient-ils comme nous ou voient-ils des choses invisibles ? Pourquoi les chats miaulent ? Comment font les perroquets pour parler notre langue ? Et les pépites : ça sert à quoi un animal de compagnie ? Les chats nous considèrent-ils comme de vulgaires sacs de croquettes ou comme membre de leur famille ?

L’échange avec le public permet ainsi de dégager des tendances, de retenir certaines interrogations plus pertinentes que d’autres sur les super sens des animaux et sur leur cognition, pour pouvoir les expliquer à travers le film.

Ces dernières années, notre volonté c’est également de favoriser la participation des publics en amont en proposant des ateliers sur la compréhension de contenus, de concepts, de consignes, pour savoir comment parler aux ados ou aux enfants par exemple, lorsqu’il faut être plus intuitif pour affiner la proposition muséale.

Pourquoi aborder l’intelligence animale à travers un film et pas une exposition ?

Un film, ça a l’avantage de pouvoir capter le public en « narrant » le propos. Il paraissait aussi plus évident que l’intelligence animale devait s’incarner à travers des personnages. À la différence, dans une exposition, on laisse le public découvrir un sujet plus librement : il explore les manipes surtout en fonction de ses envies.

En quelques mots, comment fait-on pour « vulgariser un propos scientifique » à travers un projet muséal ?

Il faut avant tout avoir un regard curieux. S’intéresser à tout, être réceptif aux différents sujets, se nourrir, aller voir ce qui se fait ailleurs. C’est ensuite beaucoup de lectures, de réflexion en équipe, de brainstorming et d’organisation d’idées pour retenir ce qui est interpellant ou intéressant à raconter tout en créant un fil conducteur logique. Il y a également un jeu d’échanges inter-équipes; chacun doit être capable et surtout avoir envie, de s’approprier le sujet pour définir de quelles manières il pourra se prolonger, en animation par exemple. Une fois le contenu défini et validé par un comité scientifique (universitaire ou expert dans le domaine), on va réfléchir à la forme qu’il va prendre. Serait-ce mieux d’aborder le propos via un film, un objet, un jeu, une expérience manipulatoire ? Et en parallèle, réfléchir à la place que chaque contenu, chaque expérience, prendra dans l’organisation de l’expo.

Puis, vient le temps du recrutement des équipes attachées au projet. Généralement, on explique la thématique et les objectifs de l’expo ou du film, le scénario utilisateur et la volonté en terme de manipes. Pour « PAS BÊTES », j’ai plutôt proposé une boîte à outils en donnant la philosophie générale et certains contenus sur différentes espèces animales pour nourrir l’équipe en charge de la réalisation du film dans la création d’une histoire qui a du sens dans le respect des codes de la narration : des héros attachants, de l’aventure et des rebondissements,… C’est bien sûr impossible de tout dire en 20 minutes. On a donc choisi d’introduire plusieurs personnages pour créer de l’interaction et d’aborder un aspect de l’intelligence animal à travers chacun d’entre eux : la sensibilité animale avec Bubulle le cochon, la communication inter-espèces avec Anatole le chat, la mémoire olfactive avec Riton, la fabrication d’outils avec la corneille et les mécanismes d’apprentissages innés avec José le cacatoès.

Pourquoi avoir choisi AVRIL FILM ?

En dehors de la proposition scénaristique, le choix s’est aussi porté sur la proposition artistique. L’esthétique générale, la technique hybride proposée mixant captations réelles et animation sert réellement le propos du film. Le recours à l’illustration, l’animation des personnages principaux, apparait lorsque la grand-mère raconte l’aventure fictive que vit Riton. On est dans l’imaginaire avant de retourner dans la réalité lorsque Riton retrouve sa famille. Il fallait que le film parle aux jeunes enfants, qu’ils soient captivés par l’histoire même s’ils ne comprennent pas encore la totalité des contenus scientifiques.

PAS BÊTES est à découvrir dès à présent dans le Palais des images, la salle de cinéma du SPARKOH!

-Réalisation Pauline Brunner &  Marion Verlé
-Production @avril_films_son @avril_films
-Mix & Montage son @jeff_grosdemange
-Music @leopoldroy
-Effets 4D : FX3