Caroline Vrammout est directrice des expositions et de l’ingénierie culturelle depuis 2020. Au Pass / SPARKOH! depuis 2009 en tant que muséographe, elle a mis en place et participé à de nombreuses créations durant ces dernières années. Avant de filer vers d’autres aventures, Caroline s’est lancé un dernier défi : créer une exposition qui « raconte » les maths au jeune public et invite à l’expérimentation à travers trois univers poétiques : la Toundra, la Canopée, l’Océan.

Pourquoi créer une exposition sur les mathématiques pour le jeune public ? Comment s’adresse-t-on à des enfants de 3-6 ans avec ce type de discipline ? Quels sont les défis ? Rencontre.

Pourquoi créer une nouvelle exposition sur les maths pour le jeune public?

Tout part d’un double-constat.
Premièrement, la demande de nos publics, scolaire et familial, autour d’animations pour les 3-6 ans est forte. Beaucoup de parents et d’enseignants cherchent des activités à faire avec de très jeunes enfants qui soient adaptées à leur âge.

Deuxièmement, la discipline des mathématiques est encore assez peu explorée et abordée au SPARKOH!. Pourtant, cette matière fait partie des enseignements fondamentaux des programmes scolaires, qui dès la maternelle, aide les enfants à structurer leur pensée, développer leur logique…

Ces deux facteurs, associés à la volonté de développer l’apprentissage des STEAM, ont fait sens. L’exposition « 1,2,3 on y va?! » viendra donc renforcer l’offre jeune public auprès des expos « Lumière« , « Quartier archi-chouette » et « Crapahut‘ »

Comment rendre les maths accessibles à cette tranche d’âge, un public essentiellement non lecteur ?

Tout est dans le « dosage ». Il faut donner corps à la matière, mais surtout trouver un équilibre entre objectifs pédagogiques et narration.

Embarquer le public dans une expo où il n’a pas l’impression de faire des maths

C’est en parcourant les trois mini-univers, en explorant les différents biotopes, en manipulant des objets ou animaux qu’ils connaissent – des œufs, des poissons, des insectes, que les enfants font l’expérience des maths par le défi et le jeu.

L’exposition fait également la part belle à l’illustration. Tout est mis en scène avec peu de textes pour que les enfants soient les plus autonomes possible.

Pourquoi une expo pour parler de maths et pas une autre forme de médiation ?

À travers une exposition, on peut créer des expériences et des éléments pour tester, raisonner, organiser, classer, voir. Pour aborder les maths, il fallait un moyen de médiation « tangible », à la différence d’un film, qui est un outil plus linéaire.

Quel a été le process de création de cette exposition? Quelle fut l’implication du public?

Le défi lorsque l’on crée une expo pour des petits, entre 3-6 ans, c’est d’intégrer la différence d’âge et donc d’acquis et de savoirs. Un enfant de 3 ans n’a pas la même compréhension ou les mêmes savoir-faire qu’un enfant de 6 ans. Il est donc primordial de s’entourer d’une équipe et de tester avec le public la compréhension des modules – le choix des mots, le niveau de difficulté des expériences, la communication des informations… Pour tenir compte de leurs capacités, plusieurs niveaux de difficultés sont intégrés à l’expo.

1,2,3 on y va?! un projet pédagogique en 2 phases :

1ère phase : avec une conseillère scientifique, enseignante en 1ère maternelle, nous avons réfléchi autour des socles de compétences aux différentes typologies d’expériences à intégrer dans l’exposition.

2ème phase : ensuite, nous avons testé auprès des enfants, de la 1ère à la 3e maternelle. Cette seconde étape est essentielle pour confronter les idées à la réalité du terrain, que ce soit auprès des professeurs, mais surtout auprès du public concerné. Cela permet d’adapter le propos, d’adapter les manipes et la rédaction des consignes.

Pourquoi avoir choisi le duo Clara Emo-Dambry et Céline Daub pour la création de cette exposition ?

Clara et Céline ont déjà réalisé des expositions pour ce public. Elles ont un univers onirique et poétique qui collait parfaitement à la philosophie de l’expo 1,2,3 on y va?! Elles ont également proposé des idées, en adéquation avec la volonté de faire appel aux sens pour créer une exposition multisensorielle. Toute l’expo, joue sur le corps, les déplacements et les postures, avec en plus, au cœur de chaque zone une mise en exergue d’un des sens : le toucher dans la Toundra, l’ouïe dans la Canopée et la vue dans l’Océan.

1,2,3 on y va?! pourquoi ce nom ?

Le défi autour du nom de l’expo, c’est qu’il doit à la fois faire référence à la discipline explorée, les maths, mais aussi à l’esprit narratif de l’expo : partir à la découverte du monde. Avec un titre tel qu’1,2,3 on y va?!, les deux notions sont représentées :
1-2-3 en référence aux maths
On y va?! pour inviter à la découverte du monde, à l’exploration en mêlant une touche d’engagement, d’action.

Quels apprentissages mathématiques pourra-t-on retrouver dans l’expo?

L’exposition a été construite en tenant compte du besoin d’équilibre entre nouveauté et répétition du jeune public. Chacune des trois zones intègre donc des typologies de manipulations identiques : manipe de tri, de discrimination, jeu casse-tête, motricité… Cette récurrence de logique de jeu malgré des objectifs et apprentissages différenciés aide les plus jeunes à s’approprier l’espace et à faciliter leur compréhension en identifiant leurs caractéristiques.

Dans la Toundra, on évoquera les volumes et la spatialisation, on jouera avec les positions – en-dessous ou au-dessus de la banquise, sur l’équilibre avec le barrage aux castors…
Dans l’Océan, on abordera les figures géométriques et les ordres de grandeur à travers des jeux de tangram, des pêches aux poissons plus grands ou plus petits que…
Au sein de la Canopée, on fera des calculs, on dénombrera les chiffres, aiguisera sa logique de suite en observant les animaux, en déterminant leurs caractéristiques…

Chaque choix d’univers est également pensé en lien avec ce que l’on veut développer en termes d’apprentissages.

À travers les 3 contes, l’exposition explorera également une notion assez difficile pour les enfants : le temps qui passe.

Le jeune public : un public enthousiaste et créatif

« Les enfants, c’est un public que j’aime beaucoup parce que tu peux pousser l’imaginaire, les embarquer dans des aventures incroyables qui font appel à leur pouvoir d’imagination. C’est un public enthousiaste, la découverte des sciences pour ce public-là, c’est toujours magique pour eux. »

C’est à la Cité des Sciences de Paris que Caroline poursuivra son aventure en juillet 2023. Elle y continuera le développement d’expositions pour les 5-10 ans.

« C’est en créant des bons souvenirs autour des sciences, que tu peux engager les jeunes vers des carrières plus tard. »

L’exposition « 1,2,3 on y va?! » est à découvrir dès le 8 juillet au SPARKOH! et se situera dans le prolongement du Quartier archi-chouette en remplacement de l’espace MATERI’OH!
Un rez-de-chaussée entièrement consacré aux 3-6 ans avec plus de 700m² d’expériences.