Cela fait bientôt vingt ans qu’Etienne fait partie de l’équipe d’animation de SPARKOH!. Papa d’un petit garçon de 4 ans, c’est en famille qu’il est parti cet été pour des vacances à vélo, direction les Pays-Bas. Il nous a proposé de suivre leur expérience familiale pour donner envie à d’autres de se lancer dans l’aventure du “vélotourisme”. Rencontre et retours sur ce périple.

Est-ce la première fois que vous partiez pour des vacances à vélo ?

Avant de rencontrer ma femme Carina, j’avais expérimenté ce mode de déplacement qui m’a beaucoup plu. Quand notre fils Oscar a eu deux ans, nous avons eu envie d’essayer de partager cette aventure en famille, et nous nous sommes lancés durant l’été 2020 pour une boucle de 700 km qui nous a conduit jusqu’au Touquet par la côte pour revenir par l’intérieur des terres. C’était aussi un défi personnel pour Carina, atteinte l’année précédente d’un handicap au pied pour lequel les spécialistes conseillaient une rééducation par le vélo. Entre les couches, le lait en poudre et les restrictions Covid, c’était une sacrée organisation! Mais partir de chez soi, atteindre la côte belge en seulement trois jours de vélo, sans forcer, c’est quelque chose de magique.

Pas trop stressant de partir plusieurs jours à vélo avec un enfant de quatre ans ?

Nous sommes loin de l’expérience de ces familles qui s’embarquent pour un tour du monde traversant des zones peu habitées! La première richesse de ce mode de déplacement, ce sont les rencontres. Il est facile de demander de l’eau, ou un coup de main en cas de petit souci. Nous ne dormons pas non plus de manière “sauvage”, mais en prévoyant nos étapes en amont, pour avoir plusieurs points de chute possibles en cas de fatigue ou de mauvais temps. Il faut juste faire attention à écouter les besoins de l’enfant : s’arrêter à une aire de jeu, gérer les pauses collations ou les arrêts pipi, et c’est reparti pour dix kilomètres !

Quels sont pour vous les avantages et inconvénients de voyager avec un enfant et à vélo ?

Difficile de trouver des inconvénients… le coût du matériel, certainement. Par exemple : les remorques pour de très jeunes enfants représentent vraiment un gros budget. Par contre, les avantages se bousculent! On a vu Oscar s’épanouir : comprendre l’importance de passer la barrière de la langue pour jouer avec d’autres enfants, découvrir des oiseaux qu’il n’avait vu que dans les livres, essayer de lire les nombres sur les panneaux des points-noeuds… et on a pu simplement profiter de moments en famille comme chanter en pédalant, faire des jeux de société ou regarder les étoiles… rien que ça, cela donne envie de repartir.

Riton avec Oscar au parc national de Biesbosch

Combien de kilomètres avez-vous parcourus par jour ?

Entre quarante et septante kilomètres. Ni ma femme ni moi ne sommes sportifs! En roulant chargés, une vitesse de 10 à 15 km/h est très honorable. Cela représente donc deux heures de vélo le matin et deux à trois heures l’après-midi, ce qui laisse le temps de replier la tente tranquillement, faire des pauses pour se détendre, visiter les lieux traversés et profiter des vacances. En tout, nous avons parcouru 787 km sur les quinze jours de notre voyage.

Comment vous êtes-vous débrouillés pour dormir ?

Principalement dans de petits campings. Nous ne voyageons pas très léger, pour avoir un minimum de confort avec une tente, nos duvets, des matelas autogonflants, notre popote et même nos petites chaises de voyage. Parfois, des logements insolites permettent aussi une étape particulière pour marquer le coup des vacances. Nous dormions aussi occasionnellement chez l’habitant. Différents sites internet comme Warm Showers (https://fr.warmshowers.org) ou Welcome To My Garden (https://welcometomygarden.org) permettent de trouver facilement des familles disposées à vous accueillir, comme nous le faisons aussi pour d’autres voyageurs chez nous depuis plusieurs années.

Quels vélos utilisez-vous pour le voyage ?

En 2020, nous avions acheté d’occasion une remorque de voyage pour Oscar, tractée par le vélo électrique de Carina. J’avais, quant à moi, équipé mon VTC d’un porte bagage avant et d’une remorque bagagère.

Oscar a grandi et commençait à être un peu à l’étroit dans sa remorque… pour autant, il n’est pas encore assez grand pour de si longues étapes en vélo suiveur. Pour qu’il participe à l’effort, nous avons investi dans un tandem “Pino” un peu particulier (https://hasebikes.com/fr/) permettant au passager avant de voyager couché. Donc cette année, c’était Oscar et papa sur le tandem, et maman tractant la remorque bagagère!

Est-il facile de voyager en Belgique à vélo ?

Nous avons encore des progrès à faire pour arriver au niveau de sécurité et d’aménagement que nos voisins néerlandais ont mis en place pour les vélos! Là-bas, on trouve des bornes gratuites pour recharger les vélos électriques, des robinets d’eau potable pour remplir les gourdes et des pompes pour gonfler les pneus sur certaines aires de pause le long de pistes cyclables, avec des bancs et des poubelles à disposition… Il y a aussi des ponts, des rond-points et de véritables routes prévus pour les vélos! Notons quand même que de nombreux projets améliorent grandement l’utilisation du vélo en Belgique, et qu’il est important de les soutenir.

Comment trouver des routes sympathiques pour voyager à vélo?

Les RAVeL (https://ravel.wallonie.be ) et Eurovélo routes (https://fr.eurovelo.com ) sont des atouts considérables pour le vélotourisme. Le système des “point noeuds”, originaire des Pays-Bas, s’est également étendu jusqu’à chez nous et permet de construire très facilement des itinéraires à vélo. Il suffit ensuite de suivre les numéros des panneaux disposés aux intersections, comme ceux du projet Vhello (https://vhello.be) en Province du Hainaut qui permettent de rejoindre SPARKOH!

De nombreux sites internet comme B-router (https://brouter.de) permettent de créer des itinéraires à l’aide des cartographies libres OpenCycleMap (https://www.opencyclemap.org).

Qu’avez-vous visité ? Ces lieux étaient-ils toujours faciles d’accès ? 

Nous sommes passés par beaucoup de supers endroits, mais il est parfois délicat de laisser les vélos et les bagages sans surveillance le temps d’une visite… Nous avons surtout profité des endroits à proximité desquels nous avons pu loger, comme le marché aux fromages de Gouda, un parc sur le thème des dinosaures (Oscar est fan 😉 ), la réserve naturelle du parc national De Biesbosch et le cœur historique de Bruges. 

Toute la petite famille à Amsterdam

Mais sans quitter les vélos, nous sommes aussi passés par le plan incliné de Ronquières l’Atomium, le site des moulins à vent de Kinderdijk, la maison d’Anne Frank à Amsterdam, les ponts-écluses de l’Oosterscheldekering…

Mais nous garderons aussi de très beaux souvenirs des paysages, des œuvres de street-art, des ambiances… enfin de tout ce que voyager à vélo permet de prendre le temps de découvrir.

Des anecdotes sur votre voyage ?

Oui… tout plein!

  • Oscar s’est amusé à compter les tandems que nous croisions… on est arrivé à 25 ! Je ne pensais pas en voir autant. Principalement des tandems “classiques”, mais aussi un semblable au nôtre, qu’une famille française utilisait pour atteindre Amsterdam.
  • Le “réveil-moutons”: c’est comme ça qu’on a appelé le troupeau qui nous a réveillés dans la réserve naturelle et qui était vraiment tout près de nous au petit matin.
  • On a croisé pas mal de hérons… vu qu’ils sont doués pour rester immobiles, au début Oscar croyait dur comme fer qu’il s’agissait de statues!
  • Le plaisir des minis campings à la ferme, où tout fonctionne sur la confiance : des boissons fraîches et des glaces dans le frigo de la salle commune, avec une liste des prix et une tirelire pour payer si vous voulez vous servir… ou encore le paiement de l’emplacement à glisser dans une enveloppe, pour la déposer dans la boîte aux lettres “le jour où vous partirez”. 

Quelle sera votre prochaine destination ?

La Loire et ses châteaux ou la Vélodyssée le long de la côte atlantique française sont des itinéraires bien aménagés que nous aimerions découvrir… ça tombe bien, on a le temps de préparer ça d’ici les vacances de l’année prochaine!