Julien Lefrancq (en bas, au milieu sur la photo), 46 ans, est arrivé au Pass (désormais SPARKOH!) en 1999. Il y est resté 10 ans en tant qu’animateur scientifique avant de s’investir pleinement dans sa passion : la construction en paille. Il nous raconte son fantastique parcours.

Tout a commencé il y a 25 ans : Julien est engagé comme assistant de production audiovisuelle au Pass. De fil en aiguille, grâce à sa formation de vidéaste, il prend les rênes de l’animation ‘studio télé’. Par la suite, Julien se diversifie, avec plusieurs spécialisations autour de l’écologie (le terril, la mare) et de l’architecture.

Formations et réflexions

C’est au Pass que Julien a découvert le milieu de la construction. « Quand j’étais au Pass, j’étais aussi indépendant complémentaire dans le milieu de la vidéo », explique-t-il.  « Un ami m’a renseigné une formation d’une semaine sur les enduis d’argile à Liège. C’était un chantier participatif et le propriétaire de la maison, voyant que je me débrouillais bien, m’a demandé de faire l’ensemble du projet. Plutôt que de me payer, je lui ai proposé de venir avec moi en France pour un stage d’une semaine sur la construction bioclimatique et, notamment, la construction en paille. J’étais tombé là-dessus en effectuant des recherches sur internet. Je suis rapidement devenu ami du formateur-architecte », confie encore Julien.

De retour au Pass après cette deuxième formation, Julien se dit qu’il y a quelque chose à faire au niveau de l’animation scientifique sur la physique des matériaux. Dès qu’il avait un moment de libre ou bien les week-ends, Julien récoltait des informations sur la construction bioclimatique : « J’ai commencé à monter des réflexions dans mon coin. Et j’ai proposé des animations sur la physique du bâtiment, l’inertie thermique, comment mesurer l’efficacité d’un isolant, ce genre de choses. »

Julien ne s’est pas arrêté là et a pris contact avec des associations et des centres d’animations pour voir s’ils donnaient aussi des animations sur cette thématique. « J’ai balayé large, jusqu’au Canada », lance Julien ! « J’ai finalement trouvé quelques lieux dans le nord de la France. Et s’en est suivi un projet Interreg pour financer de l’animation sur l’isolation écologique. Le Pass a donné son feu vert et c’est devenu un projet officiel. On a gagné ce projet Interreg », poursuit-il.

Essoufflement et perfectionnement

Ensuite les choses se sont un peu ralenties, Julien s’essouffle au Pass et cherche à avancer dans cette voie qui le passionne. « Le Pass m’a permis d’être à l’aise en public et de faire beaucoup de choses qui me servent encore aujourd’hui dans mon métier. Mais j’ai continué à demander à me former dans un cadre win-win »,  explique encore Julien.

Durant les grandes vacances, l’animateur prend des congés sans solde pour se perfectionner dans son nouveau domaine. Il part en Ardèche pendant deux mois pour tourner un film sur un village conçu entièrement en paille. Il donne également des animations dans l’école Montessori du village. Là-bas, il se forme encore un peu plus au métier. Il y rencontre de nombreuses personnes, dont un Liégeois qui voulait construire un éco-centre et qui cherchait un profil varié, comme le sien. Julien décide alors de sauter le pas et de quitter le Pass. « J’étais un peu essoufflé, j’avais envie de changement. J’ai accepté l’offre et suis devenu à la fois chef de chantier, cadreur et animateur sur ce projet qui a duré trois ans. »

Ph. Paille-Tech

L’aventure Paille-Tech 

Mais Julien cherche véritablement à se spécialiser dans la construction en paille. À la suite de ses recherches et ses voyages, il entre en contact avec une association d’architectes belges baptisée ‘Grapaille’, qui avait pour objectif la promotion de la construction en paille et en argile. Si elle aidait principalement les auto-constructeurs à l’époque, l’association a voulu ensuite se professionnaliser et créer une entreprise : Paille-Tech. « Ils étaient en recherche de fonds et j’avais décroché une subvention pour rénover la toiture de l’éco-centre ‘La Cité s’invente’. On leur a demandé de la faire en paille et ça a été l’élément déclencheur. Finalement, je suis le premier client de Paille-Tech », s’amuse aujourd’hui l’ancien animateur.

Grâce à ce projet, Paille-Tech peut donc voir le jour et devient une coopérative en 2009.  Les médias commencent à parler d’eux et la machine se met en route. Julien leur fait alors part de son envie de les rejoindre. Quelques mois plus tard, Paille-Tech fait appel à lui pour un projet. Les débuts de Julien au sein de la coopérative ne sont pas faciles car il est engagé sans l’être vraiment. « C’était très difficile au début mais aussi amusant », explique Julien. « Je n’avais pas d’économies mais j’ai quand même réussi à mettre 5.000 euros sur la table et suis devenu administrateur avec eux. La recherche a commencé, c’était très excitant. Il a fallu tout inventer, élaborer les machines, raconter notre histoire. Toute notre vie à cette époque était axée là-dessus, j’habitais dans l’atelier. »

Ph. Paille-Tech

Mettre les gens en réseau

Le principe de Julien : mettre les gens en réseau. Ce sont ses nombreux liens et rencontres qui ont façonné son parcours. C’est d’ailleurs sans surprise que Paille-Tech, située à Floreffe (Namur), a collaboré avec SPARKOH! pour l’isolation de l’un de ses bâtiments. « On a fait les grands murs du Hangar des expos », confirme Julien. « Quand j’étais au Pass, je râlais déjà sur l’isolation du bâtiment de Jean Nouvel. Il y a eu ensuite une grande réflexion sur l’efficacité énergétique des bâtiments. Étant en relation, le Pass nous a demandé si on était capables de mener le projet et on a remporté le marché. Ça m’a fait plaisir car j’ai toujours eu un affect pour cet endroit. »  

Quand on lui demande ce qu’il a envie de dire aux travailleurs de SPARKOH!, Julien répond : « J’espère qu’ils s’amusent bien, qu’ils arrivent à mener de beaux projets. J’ai un petit mot pour les chefs : laissez un maximum de mou aux animateurs, à cette cheville ouvrière, pour les laisser s’exprimer. Je sais que c’est une chouette équipe et je suis content de voir que ça fonctionne bien. Même s’il y a parfois eu des différences de point de vue, j’ai un grand coup de cœur pour toute cette partie-là de ma vie. »

En « faillite virtuelle » durant 15 ans, Paille-Tech a désormais bien grandi et est devenue l’un des principaux acteurs du secteur. La coopérative a construit 14 bâtiments (maisons, commerces, écoles, chais) en 2023 et a généré un chiffre d’affaires de 3,2 millions d’euros. Une belle évolution pour l’entreprise et un bel accomplissement pour Julien !