Rencontre avec Marcio Ambrosio, créateur de Moviola, ce gouvernail interactif qui emmène les visiteurs dans des univers époustouflants. L’une des œuvres de la Waouh Zone, le nouvel espace numérique du Pass.
C’est un artisan autant qu’un artiste. Mené par ses nombreuses passions, par la curiosité, par le besoin d’expérimenter et de se lancer de nouveaux défis. A 42 ans, Marcio Ambrosio prend toujours autant de plaisir à créer et à peaufiner ses œuvres, jusqu’au dernier boulon.
Il a quand même pris un peu de son précieux temps pour nous parler de son parcours et de Moviola, en toute simplicité.
Brésilien, Marcio Ambrosio a grandi à Sao Paulo, où il vit toujours, en faisant de réguliers crochets par Bruxelles. « Mon papa était artiste illustrateur ; depuis tout petit, je mélangeais des peintures pour lui, je travaillais avec le bois. Et un jour, je suis tombé amoureux du cinéma d’animation. J’ai commencé à travailler dans un studio d’animation pendant la journée, tout en étudiant le design industriel le soir. Puis est arrivé l’ordinateur et j’ai fait de nombreuses expérimentations autour de la vidéo ».
Marcio Ambrosio, de Sao Paulo à Bruxelles
C’est à ce moment que Marcio traverse l’Atlantique pour découvrir l’Europe, la Belgique et Bruxelles plus précisément. Il travaille dans des boîtes de post-production pour le cinéma et le documentaire…mais, toujours poussé par la curiosité, continue à suivre des cours du soir, notamment en électronique. Il pousse les portes d’iMAL , interactive Media Art Laboratory, une association bruxelloise qui veut promouvoir les nouvelles technologies, à la croisée des innovations artistiques, scientifiques et industrielles. A la fois un centre d’art contemporain, un media Lab où les artistes peuvent expérimenter et un fab lab ouvert à tous. Le lieu rêvé pour le Brésilien!
Marcio Ambrosio crée une première installation, « Oups », mélange d’animation et d’interactivité : il la présente un peu partout dans le monde et remporte grâce à elle quelques prix, dont un premier prix au Japon.
« Je suis toujours sensible à l’univers du cinéma d’animation, à la fois l’animation en elle-même et la contemplation du mouvement. Dans chacun de mes projets, on retrouve cet univers. Mais quand sont arrivées les machines numériques accessibles, la fraiseuse, la découpeuse, j’ai investi toute mon énergie là-dedans et j’ai retrouvé le métier de designer industriel que j’avais étudié sans le pratiquer. Maintenant, pour chaque projet, je me pose la question : « quelle technique vais-je utiliser ? » Les nouvelles techniques permettent de réduire les coûts de production – avant, c’était beaucoup trop cher, il fallait posséder des machines -, et donnent plus de flexibilité, on peut faire plusieurs versions de prototypage jusqu’à l’aboutissement, sans recommencer à zéro. Comme je suis perfectionniste, c’est important pour moi… »
Moviola en phase avec la vision du Pass
Léo : « Mon papa peut réparer ton jouet avec son imprimante 3D »
De retour à Sao Paulo, avec sa femme qu’il a rencontrée à Bruxelles, et leur petit Léo, Marcio Ambrosio poursuit la création de ses projets tout en donnant des workshops pour les jeunes artistes. Objectifs : démystifier le numérique et leur donner l’espoir qu’ils peuvent commencer un projet à partir de rien et le mener seuls grâce aux nouvelles technologies, et à l’accès facilité aux machines; qu’ils peuvent aller à contre-courant de la société aussi. « On casse, on jette et on achète ! Maintenant, on répare! A l’école, quand ses copains cassent un jouet, mon fils leur dit « mon papa peut le réparer avec son imprimante 3D . C’est pour cela aussi que Moviola correspondait bien à la vision du Pass et qu’on a décidé de répondre à l’appel à projets… »
Moviola, un mélange d’univers
Moviola, c’est un melting pot de tous ces univers. « Voyager dans un bateau, c’était un rêve d’enfant, mais je n’en ai jamais eu l’occasion. J’ai donc voulu construire mon propre gouvernail, créer ma planète à moi. On y trouve plusieurs techniques : de l’animation, de la modélisation en 3D, de la fabrication en 3D, de l’ « architecture paramétrique » – que j’ai apprise au Chili et qui me permet de revenir en arrière sans devoir tout redessiner. Et puis la construction du dôme, c’était un défi… Toutes ces techniques me permettent de toujours rester en contact avec des professions différentes et de rencontrer des gens expérimentés dans chacun des segments, des physiciens, des architectes qui aiment aussi expérimenter ce genre de choses. »
Les autres partenaires de Moviola sont Yacine Sebti, le programmeur, qu’il a rencontré à iMAL, et avec qui il travaille régulièrement, et Sophie Kelecker, son épouse qui gère toute la partie production et subventions.
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