Ce premier article ouvre notre série Esteam-toi, série dédiée à la jeunesse face aux stéréotypes de genre dans le monde du travail !

La parcours Esteam-toi est le fruit d’un partenariat entre l’IFAPME et Youthstart, Cap Science, Kaleïdi, le SPARKOH! et les Cités des Métiers. Le jeu de mot du parcours porte en lui ses objectifs. Les apprenant·e·s qui n’ont pas encore posé leur choix de métier ont besoin de prendre confiance en elles·eux. Notre pari est qu’un parcours mêlant des activités d’orientation à la découverte des logiques STEAM les mènera simplement à une meilleure estime d’elles·eux-mêmes et leur permettra de poser un choix réfléchi sur leur futur.


À bien des égards, la jeunesse bouscule le monde du travail : dans ses rapports au temps, à l’autonomie, à l’équilibre vie privée-professionnelle… Mais qu’en est-il de sa perception des inégalités de genre ? Les stéréotypes marquent-ils encore son insertion ? Les façons d’envisager l’avenir et de se projeter dans un métier ?

Dans les carrières scientifiques, plus largement les métiers STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) les femmes semblent difficilement se faire une place. Ces métiers sont pourtant en grande pénurie, et il est essentiel qu’ils soient investis par la jeunesse afin de contribuer à construire le monde de demain. Outre les préjugés sur la longueur des formations nécessaires pour entrer dans les STEM, c’est la perception sociale des rôles de genre qui présente le plus grand frein. Selon un genre donné, il serait moins possible ou acceptable d’exercer ces métiers.

Ainsi, de nombreux acteurs de parcours scolaires et de formation s’engagent à déconstruire les idées-reçues pour permettre à chacune et chacun de trouver sa voie. Comme l’illustre l’expérience des ateliers des centres de Charleroi, de Mons, de Perwez et de Villers-le Boullet organisés par YouthStart et l’IFAPME.

Déconstruire les stéréotypes

Durant ces ateliers, les échanges sur les stéréotypes de genre au travail débutent par des capsules vidéo. Elles mettent en valeur des profils qui défient les préconçus. On y rencontre Amandine qui est garde forestière, Patrick, sage-femme et Maeva, jeune couvreuse rêvant de reprendre l’entreprise de son père. Sont également présenté·e·s, Raphaël, aide familiale, Julie qui est matelote et Jean-Yves instituteur en maternelle. Filmé·e·s dans l’exercice de leur métier, ces personnes sont enthousiastes et épanouies. Elles témoignent des difficultés rencontrées dans leur environnement de travail où leur genre est moins représenté. La surprise et la méfiance sont les réactions les plus communes.

Face à ces exemples, les retours sont plutôt positifs et bienveillants. Les jeunes mettent en avant la liberté de choix individuelle et soulèvent que le « principal est d’exercer un métier que l’on aime ». C’est l’heureux sentiment d’avoir « trouvé sa place » professionnellement qui domine, au-delà-même des considérations de genre. Se révèle aussi une dimension bien réelle et issue des stéréotypes genrés dans les réactions : la notion de courage, tout comme la nécessité d’avoir à « en faire plus » que ses collègues d’un genre opposé pour réussir ou s’épanouir au travail.

En effet, si un certain nombre de politiques publiques sont mises en place pour lutter contre les inégalités femmes-hommes, les préjugés persistent. Cela incite les individus concerné·e·s à se sentir directement ou indirectement obligé·e·s à faire preuve de leurs capacités plus fortement que leurs collègues au genre « dans la norme » du métier.

Les influences des préjugés

Comme souligné dans de nombreuses recherches, la perception d’un métier fortement stéréotypé devient l’obstacle majeur à l’insertion du genre sous-représenté. Les préjugés qui entourent une profession ou l’image qu’une personne s’en fait au cours de sa vie sont extrêmement impactants. Le genre et le prestige sont les deux éléments de représentation les plus saillants qui affectent les choix d’orientation des jeunes [1].

Interrogé·e·s sur leur perception de professions genrées, les participant·e·s citent un certain nombre de professions liées au soin et à la santé comme à tendance féminine et des métiers de construction ou à forte dimension physique comme à tendance masculine. Ce constat n’est pas sans rappeler les statistiques récentes de distribution encore très genrée entre les secteurs d’activités.

Exemple permanence stéréotypes de genre par répartition sectorielle des femmes au travail
D’après Statbel : « Marché du travail et formation: Enquête sur les Forces de Travail »

Ainsi, avec leurs propres mots, les jeunes ont fait preuve d’intuition et d’analyse très proches de l’actualité de la recherche sociologique. À l’instar des acteurs de la formation, les participant·es ont relevé les mécanismes en œuvre de la permanence de nombreux stéréotypes de genre dans le monde du travail. Cette prise de conscience et de recul pourra contribuer à ce qu’elles·ils lèvent par elles·eux-mêmes les éventuels freins à l’orientation de leur carrière professionnelle.


[1] https://www.leforem.be/content/dam/leforem/fr/documents/Rapport-STEM-11-2020.pdf p18.

Références :

MARUANI (sous la dir de) et al. Travail et emploi des femmes, Paris, La Découverte, 2017, 5e éd.

MARUANI (sous la dir de) et al. Travail et genre dans le monde. L’état des savoirs (dir.), Paris, La Découverte, 2013.