Une trentaine de personnes sont pour l’instant en mission à la base polaire Princesse Élisabeth, dont neuf scientifiques. La 12e expédition depuis la création de la station belge en Antarctique.
C’est l’été en Antarctique. Comme chaque année à pareille époque, des techniciens, des militaires et des scientifiques belges ont embarqué pour la « Terre de la Reine-Maud », cette région de l’Antarctique où a été construite la station Princesse Élisabeth lors de l’année polaire internationale, en 2007-2008. Pour les mêmes missions de recherche, mais – suite à des différends juridiques sur lesquels nous ne reviendrons pas -, non plus sous la houlette d’Alain Hubert et de la Fondation polaire internationale, mais bien dans le cadre du Secrétariat polaire et de la Politique scientifique fédérale. C’est l’ingénieure italienne Chiara Montanari qui dirige la mission cette année.
Les glaces de l’Antarctique : les plus anciennes du monde
L’Antarctique est un formidable terrain de recherche. Les glaces de l’Antarctique sont les plus anciennes du monde : on estime que la glaciation du continent blanc remonte à 20 millions d’années au moins. Même si la glace a une durée de vie plus limitée, étant donné que le temps qu’elle met depuis sa formation jusqu’à son évacuation dans l’océan est évalué à un million/un million et demi d’années. Un outil précieux pour les paléoclimatologues qui étudient les climats anciens, puisque ces glaces contribuent à mieux comprendre l’évolution climatique terrestre et ses mécanismes.
Mais on peut y lire également l’évolution climatique récente : l’analyse des bulles d’air contenues dans les couches les plus récentes confirme que depuis 200 ans, la teneur de gaz à effet de serre dans l’atmosphère atteint les plus hauts niveaux jamais connus au cours des 420 000 dernières années. Ce qui ne laisse aucun doute quant aux origines : l’industrie, le développement de l’automobile et l’augmentation exponentielle des populations sur terre ont un impact sur le climat global de la planète. Un certain nombre d’événements parfaitement datés ont laissé des traces dans la glace, comme le démarrage de l’ère industrielle ou l’explosion de la bombe atomique d’Hiroshima, pour ne prendre que deux exemples.
Des études centrées sur l’atmosphère
L’équipe étudie la fonte et la stabilité de la calotte glacière par rapport à l’océan et face au changement climatique. Ce projet, qui s’est étalé sur 5 ans, se terminera dans un an, de même que celui étudiant les réactions de la calotte glacière avec l’atmosphère.
Des observations météorologiques et des mesures atmosphériques sont également au menu des recherches, via la présence de scientifiques de l’Institut Royal de Météorologie et de l’Institut d’Aéronomie Spatiale, qui mènent le projet Aérocloud.
En savoir plus sur le projet Aérocloud et sur les activités scientifiques à la station (en anglais).
http://belatmos.blogspot.co.za/
Le blog d’un scientifique en Antarctique
Quentin Laffineur, de l’IRM, tient pour sa part un blog de son voyage en Antarctique, davantage orienté sur son expérience personnelle et sa vie quotidienne…mais bien sûr vu avec l’oeil du météorologue. Ainsi, ce dimanche, jour de la Saint-Nicolas, il écrivait : « Depuis une semaine, c’est une météo très étrange que nous vivons actuellement à la station polaire belge. Il y fait anormalement chaud pour la saison, des températures supérieures à 0°C ont été enregistrées à la fin novembre ».
Quelques jours plus tôt, après s’être extasié devant les manchots du Cap lors de l’étape en Afrique du Sud, il commentait : « Après 6 heures de vol assez bruyant, nous arrivons à Novo (une station polaire russe) où nous avons dû attendre plus de 10h avant que l’avion (un Basler DC-3) soit prêt pour nous emmener vers la station polaire belge Princesse Élisabeth. Novo est loin d’être un lieu paradisiaque et pourtant quelques touristes fortunés dépensent plus de 50 000 euros (sans les assurances) pour un peu plus d’une semaine de vacances dans la région. Le tourisme en Antarctique est une activité extrêmement lucrative qui se fait toujours aux dépens de la recherche scientifique et parfois en entravant gravement cette dernière. »
Suivre le journal de bord de Quentin Laffineur.
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