Alors que les Jeux paralympiques battent leur plein, un « parastronaute », ancien médaillé du sprint, suit une formation pour espérer devenir la première personne en situation de handicap à voyager dans l’espace.

Mercredi dernier, John McFall, 43 ans, était à Paris pour porter le drapeau paralympique lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux. Amputé de la jambe droite à la suite d’un accident de moto à 19 ans, il a représenté son pays aux Jeux de Pékin en 2008 et y a remporté une médaille de bronze en sprint. Mais John McFall n’est pas qu’un ex-athlète, il est aussi chirurgien spécialisé en traumatologie et orthopédie ainsi que le tout premier « parastronaute » européen !

Une étude révolutionnaire

Avec notre Raphaël Liégeois national, il fait partie de la nouvelle génération d’astronautes sélectionnés en 2022 pour succéder à celle de Thomas Pesquet. Depuis sa sélection, John McFall collabore avec l’Agence Spatiale Européenne (ESA) à une étude révolutionnaire baptisée « Fly ». Cette dernière vise à déterminer s’il est possible d’envoyer une personne souffrant de handicap physique un jour dans l’espace. « Quand l’ESA a annoncé qu’elle cherchait un candidat avec un handicap physique, j’y ai vu une opportunité qui combine toutes mes passions : le sport, la médecine et la science », confiait, il y a deux ans, l’ancien athlète paralympique au quotidien Le Monde. « Avoir été retenu est un privilège, mais aussi une grande responsabilité », ajoutait-il.

Jusqu’ici, les personnes porteuses de handicap physique ne pouvaient pas participer aux sélections pour devenir astronaute, réputées très difficiles.

L’étude « Fly » doit examiner ce qu’il faut adapter pour rendre le vol spatial possible : le vaisseau spatial, les combinaisons spatiales ou les différentes prothèses de jambes. John pense qu’il lui faudra en effet plusieurs prothèses pour pouvoir se rendre un jour dans la Station Spatiale Internationale (ISS) : « Il y aurait une prothèse de course, une prothèse de rechange pour la prothèse à microprocesseur et il y a aussi la mécanique, qui devra probablement être transportée à l’intérieur de la combinaison spatiale pour le lancement et le retour », explique-t-il à la BBC.

Élargir les horizons

Photos ESA

L’astronaute est environ à la moitié du projet. Il a déjà testé la centrifugeuse et sa jambe droite ne lui a pas posé de problème. Jusqu’à présent, John n’a rencontré aucun obstacle susceptible d’entraver sa mission. « J’aime à penser que cela élargira les horizons des gens et leur compréhension de ce qu’une personne handicapée physique est capable de faire », confie-t-il encore à la BBC.

Pour l’instant, le projet porte sur un petit nombre de handicaps mais John espère qu’il pourra s’étendre à d’autres handicaps physiques. Concernant les exigences psychologiques et cognitives pour voyager dans l’espace, elles sont, quant à elles, toutes identiques à celles des personnes non-porteuses d’un handicap.

Bientôt dans l’espace ?

Alors, à quand une sortie dans l’espace pour John McFall ? Ce n’est pas encore pour tout de suite, si l’on en croit Guillaume Weerts, médecin en chef des astronautes au sein de l’ESA. En 2022, il annonçait qu’on pourrait envoyer un astronaute porteur d’un handicap dans l’espace « potentiellement dans les dix prochaines années ». Et le médecin de nuancer : « Mais l’espace n’est pas une activité pour les gens pressés. »

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