L’histoire des sciences et des techniques est émaillée de nombreuses découvertes faites « par hasard ». C’est ce qu’on appelle la « sérendipité ». Le hasard, vraiment ? Ou plutôt l’art pour un chercheur de s’ouvrir à l’inattendu ?

La pénicilline : un exemple célèbre de sérendipité

Londres 1928. Lorsque Alexander Fleming part en vacances, laissant dans son laboratoire des boîtes d’analyse contenant des bactéries virulentes, il ne se doute pas que sa « distraction » sera à l’origine d’une découverte majeure dans le domaine de la médecine. A son retour en effet, il remarque qu’un champignon s’est propagé dans ses boîtes… mais ce qui aurait pu constituer une catastrophe se révèle être une aubaine : là où le champignon est présent, les bactéries ne se sont pas développées. Il isole un extrait de la moisissure, l’identifie comme appartenant à la famille du penicillium et appelle cet agent la pénicilline. La découverte accidentelle de Fleming a marqué le début des antibiotiques modernes.

Du latex au pneu

vulcanisation

Charles Goodyear trouva par hasard le procédé de vulcanisation (illu. Ch.Monnoye).

Charles Goodyear a lui aussi découvert le caoutchouc vulcanisé par hasard : alors qu’il dépose par mégarde sur un poêle à charbon un morceau de latex recouvert de fleur de soufre, celui-ci s’enflamme. Dépité d’avoir gâché de la matière, il le jette par la fenêtre. Mais le lendemain, Goodyear se rend compte que le matériau possède une grande élasticité ! En chauffant, des ponts se sont créés entre les chaînes moléculaires… La première application de cette découverte fut bien sûr le pneu, mais l’élasticité du caoutchouc s’est montré d’une importance capitale dans bien des domaines.

 

 

 

 

 

Sérendipité : la « sagacité accidentelle »

Christophe Colomb parti à la recherche des Indes, la pomme qui aida Isaac Newton à définir la loi de la gravitation universelle, et plus récemment les rayons X ou le four à micro-ondes : les histoires autour des découvertes effectuées sur un malentendu sont légion dans l’évolution des sciences et des techniques. On a nommé cet état de choses la sérendipité, mot dérivé de l’anglais «serendipity» et défini à l’origine par «sagacité accidentelle». Car peut-on vraiment parler de hasard, de chance ou de concours de circonstance en recherche ? Le chercheur n’est-il pas, par définition, à la recherche de l’inconnu ?
Le Larousse parle de « capacité, d’art de faire une découverte, scientifique notamment, par hasard » : les accidents et autres événements fortuits peuvent se multiplier, si le chercheur n’est pas ouvert à l’inattendu, si son imagination et son intuition ne viennent pas prêter main forte à son regard scientifique, l’accident restera un accident, le penicillium demeurera incognito au rang des autres champignons et le morceau de latex sera directement jeté à la poubelle !

Maître de conférence à l’université de Versailles Saint-Quentin, Sylvie Catellin s’est beaucoup penchée sur le concept de sérendipité. Elle remonte aux sources du mot et raconte de nombreuses histoires de découvertes inopinées. Une façon pour elle de valoriser la liberté et l’intuition dans la démarche de recherche scientifique.

« Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent on en cherche : l’homme n’a pas été au bout de tous ses possibles. » Ainsi chantait Julos Beaucarne avec beaucoup d’humour.

Au Pass, l’exposition « Qu’est-ce qu’il ne faut pas inventer! » propose un jeu pour découvrir d’autres exemples de découvertes faites par hasard.

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