Un projet de recherche mené par l’UMONS et l’Université de Tuléar à Madagascar permet à des familles de pêcheurs de vivre de leur travail sans surexploiter les ressources marines. Au centre des attentions : le concombre de mer.
Savez-vous ce qu’est l’holothuriculture ? C’est l’aquaculture des concombres de mer! Une culture qui a de l’avenir, si l’on en croit le Laboratoire de Biologie des Organismes Marins et Biomimétisme de l’UMons (BOMB) qui la développe depuis plusieurs années à Madagascar sous la houlette du professeur Igor Eeckhaut.
Le concombre de mer : un mets raffiné à la table des Asiatiques
Mais un concombre des mer, qu’est-ce que c’est ? Un légume ? Un végétal ? Pas du tout! Les concombres de mer sont des animaux marins de l’embranchement des échinodermes, comme les étoiles de mer; leur corps est mou et de forme cylindrique – d’où leur surnom – et il en existe une multitude de variétés. Pour les Asiatiques qui en raffolent et les mettent à toutes les sauces, c’est un mets de luxe. En plus de leur valeur nutritive et pharmaceutique, ils auraient selon eux également des vertus aphrodisiaques. On trouve les concombres de mer dans tous les océans du monde, mais l’Océan Indien qui entoure Magdagascar en est particulièrement riche, et c’est tout naturellement que les Asiatiques viennent les y chercher pour répondre à leur forte demande…Un marché très porteur donc pour les Malgaches, puisque certaines espèces se vendent à 300/400 dollars le kilo, mais qui a entraîné une baisse des effectifs, dommageable pour la biodiversité comme pour l’avenir économique du secteur.
Umons et Tuléar : 2 universités main dans la main
Parfois, les graves menaces ouvrent des portes inattendues vers des solutions pleines de promesses : mené, main dans la main, par le Laboratoire de Biologie des Organismes Marins et Biomimétisme de l’UMons (Bomb) et l’Institut Halieutique et des Sciences Marines de l’Université de Tuléar, le projet d’holothuriculture a entraîné des retombées scientifiques, économiques, sociales et environnementales. Bref, un véritable projet de développement durable.
« On a réussi à récupérer des spermatozoïdes et des ovules et à faire de la fécondation in vitro; on est les premiers à maîtriser le cycle de vie », explique Guillaume Caulier, assistant à l’UMons, resté pour le moment en Belgique alors qu’une partie de l’équipe est à Madagascar. « On produit des larves toute l’année et l’objectif est d’arriver à produire plusieurs millions d’individus par an ». Lorsque ces larves se métamorphosent, elles sont transportées dans des enclos implantés dans l’océan où elles continuent à grossir de façon tout à fait naturelle. Aucun intrans, aucun antibiotique n’est donné.
« Dans le sable, les concombres de mer ont le même rôle que celui joué par les vers de terre; ce sont des « bioturbateurs », qui se nourrissent des particules organiques, qu’elles digèrent. »
L’holothurieculture crée des emplois
Ce projet a d’abord été développé au sein du centre de recherche, avec des échanges continuels de chercheurs malgaches et belges, avant de donner naissance à une spin-off, qui s’est elle-même métamorphosée, comme les larves de concombres de mer, en une entreprise qui emploie aujourd’hui une centaine de personnes et fait vivre directement de nombreuses familles de pêcheurs.
Découvrez dans ces 2 vidéos les détails du projet :
https://www.youtube.com/watch?v=iaCxjIq8w5I
https://www.youtube.com/watch?v=n7ax-clkfqs
Des aquacultures pour préserver les écosystèmes
Forts de ce succès, les 2 équipes universitaires, qui continuent à s’échanger des chercheurs, travaillent à présent sur l’algoculture (algues), la coralliculture (coraux) et débutent dans l’aquaculture de crabes de mangrove. « Le but de ces recherches est d’apporter des améliorations scientifiques tenant compte des contextes économique et social pour soutenir le développement de nouvelles aquacultures respectueuses de l’environnement. » Pour prendre l’exemple de la culture de coraux, on sait que ces organismes sont très recherchés dans le monde entier par les aquariophiles qui souhaitent décorer leurs aquariums. Or, les récifs coralliens comptent parmi les écosystèmes les plus riches de la planète et ne se reconstituent que très lentement. La coralliculture permettrait d’éviter cette destruction tout en assurant des revenus supplémentaires aux habitants de Madagascar…
Avec ses retombées locales économiques, sociales, environnementales et scientifiques, le projet d’holothuriculture constitue une piste intéressante qui ne manque pas d’intéresser divers milieux impliqués dans la coopération au développement, le développement durable ou l’avenir de la planète. En novembre, Guillaume Caulier faisait une intervention au cours d’un congrès pour la biodiversité et le développement durable de l’ARES-CUD (académie de recherche de l’enseignement supérieur, branche coopération au développement ) à Bruxelles et, un peu avant, c’est à l’exposition internationale de Milan que le projet a été présenté, entrant parfaitement dans le thème « Nourrir la planète ».
Nous vous tiendrons au courant des avancées de ces différents projets, notamment lors du retour de Madagascar de l’équipe du Professeur Eekhaut début 2016.
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