Travailler sur l’ARN plutôt que sur le gène pour tenter de corriger une maladie : certains chercheurs prennent cette option. C’est le cas du laboratoire de biologie moléculaire de l’UMONS. Explications.

La thérapie génique consiste à réparer ou modifier le patrimoine génétique pour traiter une pathologie. L’idée est née en 1960, mais il a fallu attendre près de 30 ans pour voir les premiers essais cliniques sur des patients.

Aujourd’hui, les chercheurs se tournent vers de nouvelles techniques de thérapie génique. Au lieu de corriger l’ADN dans le noyau des cellules, ils travaillent sur l’ARN, la molécule intermédiaire avant la fabrication d’une protéine.

Pourquoi s’intéresser à l’ARN plutôt qu’au gène ? Comment procède-t-on ? Quelles sont les difficultés ? C’est ce qu’explique dans ces deux vidéos Alexandra Belayew, généticienne à l’UMONS : son laboratoire travaille sur une maladie héréditaire de dégénérescence des muscles.

 L’ARN est plus facile d’accès que les gènes, qui sont cachés dans les chromosomes.

 

On insère cet ARN dans la circulation sanguine, qui passe partout dans le corps.

 

Cette interview-rencontre avec Alexandra Belayew est présentée dans la partie « laboratoire » de l’exposition « Génétique, la vie décodée ? » du Pass, où l’on prend le temps de décrypter les grands thèmes de société liés à la science de la génétique, comme la thérapie génique, les OGM ou encore le clonage. Alexandra Belayew faisait partie du comité scientifique encadrant la création de l’exposition.

Les patients, partenaires dans la recherche

Grâce à internet, les patients ne sont plus isolés face à la maladie

La chercheuse donne également son avis sur le triangle internet – recherche – patients, un triangle très porteur, selon elle :

« Depuis peu, Internet permet aux patients d’accéder de chez eux à de nombreuses informations sur leur maladie: des recherches en cours aux traitements envisagés. Les patients ne sont plus isolés face à la maladie, ils communiquent facilement entre eux et créent des associations: nos nouveaux partenaires dans le développement de médicaments.

Ces associations de patients sont très précieuses pour nous, les chercheurs. Nous leur proposons des projets de recherche et s’ils sont de bonne qualité et les intéressent, elles peuvent les financer. Nous aussi nous avons nos moments de déprime quand les expériences échouent. Ce sont souvent les patients qui nous remontent le moral, nous poussent à collaborer, à travailler mieux et à aller plus vite !

Quand notre petite équipe de chercheurs a identifié un gène qui pouvait être la cause d’une myopathie héréditaire, nous nous sommes aussi tournés vers internet pour trouver des renseignements sur cette maladie. C’est en «surfant» que nous avons découvert une association de patients américains qui, de suite, nous a invités à présenter nos résultats devant d’autres chercheurs. Cette association nous a soutenus des années et nous avons pu prouver que ce gène cause bien la maladie.

Dans le cadre de notre travail, ces interactions chercheurs/patients créent une aventure humaine extraordinaire, car en intégrant l’expérience que chacun peut apporter, on se dirige vers un même but: le médicament!»