On le surnomme le Facebook des scientifiques. Créé en 2008, le portail ResearchGate a pour ambition de permettre aux scientifiques du monde entier d’échanger sur leurs recherches.

 

Researchgate

Ijad Madisch, médecin virologue et entrepreneur 2.0.

ResearchGate, c’est une histoire de start-up comme on en voit fleurir par centaines ces dernières années aux quatre coins du monde. Avec la particularité qu’elle se développe dans le secteur convoité de la recherche scientifique. En 2008, avec Sören Hofmayer et Horst Fickenscher, Ijad Madisch, docteur en virologie également passionné d’informatique, lance ce réseau social pour chercheurs et scientifiques de toutes disciplines. Son objectif : leur permettre de partager études et résultats, d’échanger sur les expérimentations, les essais – qu’ils fonctionnent ou non-, les erreurs aussi. A l’époque, l’étudiant allemand en séjour d’études à Harvard est bloqué dans une expérience et ne sait pas vers qui se tourner… S’il avait déjà existé, ResearchGate lui aurait permis de consulter d’autres études similaires pour avancer plus vite…

 

 

 

ResearchGate, start-up berlinoise

Depuis, après avoir mené de front sa carrière de médecin/chercheur à l’hôpital universitaire de Hanovre et ses démarches pour lancer son entreprise, Ijad Madisch a choisi sa start-up. Implanté dans une ancienne usine berlinoise, ayant séduit des investisseurs comme Bill Gates ou Matt Cohler (le bras droit de Zuckerberg), avec 87 millions d’euros de fonds rassemblés, ResearchGate est devenu en quelques années le plus grand réseau social de chercheurs. Le portail annonce plus de 13 millions de chercheurs inscrits, provenant de 192 pays, avec des millions d’articles scientifiques publiés!

ResearchGate transforme le marché des articles scientifiques

Mais dans l’univers des publications scientifiques où les marchés sont énormes, l’enjeu va bien au-delà des simples échanges entre scientifiques. Etant donné que l’inscription au réseau est gratuite et que les chercheurs peuvent y publier librement (les articles sont datés de sorte que les chercheurs peuvent y revendiquer la paternité de leurs idées), ResearchGate apparaît comme un chien 2.0 dans le jeu de quilles des publications scientifiques. La riposte n’a donc pas tardé, avec, pour récent rebondissement, un procès devant une cour régionale allemande – lieu d’implantation de la start-up. Elsevier, Nature et d’autres éditeurs de revues scientifiques rassemblés au sein de la Coalition for Responsible Sharing reprochent à ResearchGate de mettre en danger la pérennité de l’édition scientifique traditionnelle en livrant en open access des contenus soumis à droits d’auteurs.

Publications scientifiques et open access : le grand chamboulement!

Si les deux parties en présence ici se sont développées sur un modèle économique radicalement différent, le débat se situe plus largement autour de l’accessibilité de la diffusion scientifique. Depuis plusieurs années, un peu à la Edward Snowden, Alexandra Elbakayan, une scientifique kazakhe, met en ligne gratuitement des millions de publications de chercheurs. Son combat est double : protester contre les tarifs imposés par les revues scientifiques et permettre à tout un chacun d’avoir les armes pour se forger sa propre opinion sur des sujets scientifiques de société ou qui suscitent la controverse.

Dans le monde universitaire et politique aussi, le libre accès des travaux scientifiques est un sujet qui fait débat. Voir ses travaux publiés dans une grande revue scientifique constitue bien évidemment le Graal pour un chercheur. La qualité de son travail est souvent jugée sur le nombre de ses publications et des mentions de ses travaux. Mais est-il normal que les universités et instituts de recherches, premiers producteurs de ces précieux contenus, doivent payer pour s’abonner aux revues scientifiques ? Que les recherches financées sur fonds publics deviennent la propriété de sociétés commerciales ? Que n’importe quel citoyen n’ait pas accès librement à ces connaissances, générées grâce à des deniers publics ? Autant de questions posées par les tenants du monde académique qui veulent faire évoluer les règles.  Peu à peu, les pays légifèrent en la matière.

(Sources : Courrier International – la Libre.)

 

 

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