Le 10 octobre prochain, Europa Clipper, la plus grande sonde spatiale jamais conçue par la Nasa, devrait être lancée en direction d’Europe, une des lunes de Jupiter. Objectif : découvrir si elle peut abriter de la vie !
« L’une des questions fondamentales que la Nasa veut comprendre est, ‘sommes-nous seuls dans le cosmos ?’ », déclarait en avril dernier à l’AFP Robert Pappalardo, scientifique de cette mission imaginée il y a plus de 20 ans. Baptisée Europa Clipper, elle vise à déterminer si l’océan subglaciaire d’Europe peut abriter une forme de vie. La lune renfermerait en effet un énorme réservoir d’eau liquide sous sa croûte glacée.
La sonde spatiale de six tonnes et de 30,5 mètres d’envergure intègre deux immenses panneaux solaires. C’est davantage que la longueur d’un terrain de basket, ce qui en fait « le plus grand vaisseau de la Nasa jamais construit pour une mission d’exploration planétaire », indique l’agence spatiale américaine.
Un voyage de 5,5 ans
D’une valeur de cinq milliards de dollars, la sonde doit être lancée le 10 octobre à bord d’une fusée Falcon Heavy de Space X. L’appareil voyagera pendant 5 ans et demi et passera par Mars avant d’atteindre l’orbite de Jupiter puis celle d’Europe en 2030. Clipper inspectera ensuite de manière détaillée ce satellite dont le diamètre est proche de celui de notre lune. Elle doit recueillir des données en effectuant environ 50 survols d’Europe entre 2030 et 2034. Elle étudiera son atmosphère fine, sa surface, sa coquille glacée et son fameux océan souterrain.
« Nous avons des instruments comme des caméras, des spectromètres, un magnétomètre et un radar qui peuvent (…) pénétrer la glace, rebondir sur l’eau liquide et revenir à la surface pour nous indiquer à quel point la glace est épaisse et où l’eau liquide se situe », explique Robert Pappalardo.
Si cette mission pouvait mettre au jour une preuve de vie, « ce serait (une avancée) énorme pour comprendre à quel point la vie est répandue dans l’univers », ajoute-t-il.
Clipper termina ensuite son existence en s’écrasant sur une autre lune de Jupiter, Ganymède, le plus gros satellite naturel de la planète.
Une mission difficile
La sonde Clipper va subir le puissant champ de radiations (l’équivalent de 100.000 radios du thorax) qui englobe Europe. Cela pourrait endommager ses instruments. Il ne sera pas non plus aisé de maintenir la sonde en service. Car si elle est équipée de deux énormes panneaux solaires, Jupiter est assez éloignée du Soleil (750 millions de km). Clipper ne collectera donc que 3 à 4 % de la lumière solaire parvenant sur la Terre.
Les panneaux sont toutefois recouverts d’une couche d’oxyde d’indium-étain et d’une épaisse plaque de verre pour les protéger des radiations, du vide spatial et du froid extrême. Ses appareils électroniques et une grande partie de ses instruments scientifiques sont, en outre, enfermés dans un caisson blindé.
Avant Europa Clipper, Galileo
L’exploration du système jovien a commencé en 1973. Mais si la mission Europa Clipper a vu le jour, c’est surtout grâce au précédent voyage de la sonde Galileo. Entre 1995 et 2003, elle a effectué 11 survols d’Europe et a capturé de nombreuses images et spectres suggérant la présence d’un océan sous sa banquise. Des observations faites avec Hubble ont également révélé la présence de vapeur d’eau dans les régions polaires.
Des échanges entre la surface et l’océan auraient lieu à cause du champ magnétique de Jupiter. Ces mouvements fragilisent la croûte de glace et contribuent à la formation des fissures observées à la surface d’Europe. Et ces flux seraient susceptibles de transporter des composés importants pour la vie.
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