Cet été au SPARKOH!, les familles peuvent participer à une activité insolite : écouter les étoiles filantes ! Hervé Lamy, chercheur permanent à l’Institut royal d’Aéronomie spatiale de Belgique (IASB), nous décrit cette activité et le projet dans lequel elle s’inscrit.
Cette expérience unique est une collaboration entre SPARKOH! et l’IASB qui coordonne le projet BRAMS (Belgian RAdio Meteor Stations). Il s’agit d’un réseau d’une cinquantaine d’antennes radio qui permet de détecter et étudier les météores (familièrement appelés étoiles filantes) qui tombent dans l’atmosphère terrestre au-dessus de la Belgique. SPARKOH! a placé une antenne sur son site au début de l’été…
Comment ça fonctionne ?
Hervé Lamy, astrophysicien et directeur du projet BRAMS, nous explique comment fonctionne le réseau : « On a un émetteur qui est dédié au projet, c’est-à-dire qu’il émet une onde radio vers le ciel à une fréquence qu’on achète chaque année. On choisit une fréquence pour laquelle l’atmosphère est transparente, c’est-à-dire que l’onde radio se propage au travers de l’atmosphère sans être affectée. La plupart du temps, elle s’échappe vers l’espace sauf quand un météore rentre dans l’atmosphère. Il créée dans son sillage une trainée d’électrons qui a la propriété de pouvoir réfléchir les ondes radios à la fréquence qu’on avait choisie. C’est donc la réflexion que l’on reçoit au niveau de l’antenne. Ça agit vraiment comme un miroir. »
À quoi les visiteurs peuvent-ils s’attendre ?
Sur un écran, les visiteurs du SPARKOH! peuvent voir le signal en live. Ils voient les données qui sont enregistrées au niveau de l’antenne. « Parmi toutes ces données, il y a des échos de météores », explique Hervé Lamy. À chaque passage d’un météore dans notre atmosphère, une trace verticale apparait sur l’écran. Si le météore est assez gros (environ 1 cm), un signal plus complexe apparait, avec une forme différente et plus large. Les longues trainées obliques représentent, quant à elles, les échos des… avions !
Les familles en visite au science center peuvent aussi entendre ces signaux grâce à un casque. « Le son des météores est assez caractéristique, on entend un ‘piouuuuuuuu’ très bref », nous apprend encore M. Lamy. « C’est très court car, la plupart du temps, les poussières qui rentrent dans l’atmosphère sont très petites », ajoute-t-il. « Les visiteurs vont aussi entendre le signal direct -qui est là en permanence- et des signaux qui durent beaucoup plus longtemps et qui sont dus à des réflexions d’ondes radios sur des avions qui passent entre l’émetteur et le récepteur. »

Peut-on entendre de nombreux météores ?
Il ne faut pas attendre bien longtemps avant d’entendre une ‘étoile filante’. On peut espérer en écouter 2 ou 3 par minute, selon Hervé Lamy. « Mais il n’y a pas de règles », nuance-t-il toutefois. « On peut en entendre cinq en une minute puis plus aucune pendant trois minutes. Le matin, ça peut être très rapide. Car le matin, l’hémisphère nord fait face à la direction dans laquelle la Terre se déplace. Dès lors, les météores rentrent directement dans l’atmosphère. La Terre se déplace vers eux donc ils vont tous les deux l’un vers l’autre. En revanche, le soir, c’est l’inverse : les météores doivent rattraper la Terre pour rentrer dans l’atmosphère donc on en a moins », détaille l’astrophysicien.
Qu’est-ce que ça nous apprend ?
Cette activité insolite peut tout d’abord nous apprendre un peu de vocabulaire, comme la différence entre un météoroïde, un météore et une météorite. Un météoroïde est l’objet dans l’espace, un météore est l’éclair lumineux dans notre ciel produit lorsque le météoroïde entre dans notre atmosphère et une météorite est ce qui reste d’un météoroïde lorsqu’il a atterri sur Terre.
« L’activité peut aussi expliquer d’où viennent ces objets, comment on peut les étudier en radio et quels sont les avantages de les observer de cette manière », explique Hervé Lamy. « Tout d’abord, on peut les observer le jour. Et on n’est pas dépendant des conditions météo car les ondes radio traversent les nuages. Le phénomène météore se produit entre 80 et 100 km d’altitude donc, s’il y a des nuages, on ne peut pas l’observer en optique. Les observations radio sont aussi sensibles à des particules plus petites. Celles-ci n’émettent pas assez de lumière pour être détectées à partir du sol en optique », continue-t-il.
Pourquoi étudie-t-on les météores de cette manière ?
Cette technique permet d’obtenir les trajectoires et les vitesses de ces objets dans l’atmosphère. Ensuite, les chercheurs essayent de déterminer d’où ils viennent et comment ils sont distribués dans le Système solaire. « Cela permet de mieux comprendre le Système solaire, son état actuel et passé », explique M. Lamy.
L’atmosphère nous protège de ces particules car, même si elles sont petites, elles arrivent à 40.000 km/h ! Elles représentent donc un vrai danger. En revanche, les satellites en orbite et les astronautes, eux, ne sont pas protégés. « Mieux connaître la distribution de ces particules et les moments où il y a plus de risques permet d’éviter des sorties dangereuses. Et ça devient de plus en plus important puisqu’on envoie de plus en plus de satellites en orbite », ajoute le scientifique.
Hervé Lamy explique enfin que cette zone de l’atmosphère (entre 80 et 100 km) est très méconnue. « On ne sait pas y envoyer de ballon-sonde parce que c’est trop haut et on ne sait pas y faire descendre de satellite car c’est trop bas. Quand on analyse le signal de manière plus complète, ça nous permet d’obtenir des informations sur l’atmosphère, sa température et les vents à cette altitude-là. C’est important car ce qui se passe à haute altitude est connecté à ce qui se passe à basse altitude. Et on se rend d’ailleurs compte qu’il y a des changements à haute altitude qui sont liés au changement climatique », conclut le chercheur.
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