Vous l’utilisez pour certains régulièrement et pour d’autres un peu moins. Le gel antibactérien est en tout cas extrêmement efficace en milieu hospitalier. Petite histoire d’une invention finalement assez récente…
David Pittet, l’homme qui inventa le gel antibactérien
Tout débute par une simple constatation : alors qu’il effectue en 1994 une étude de terrain au sein des hôpitaux universitaires de Genève, David Pittet, médecin de formation, constate que les infirmières qui oeuvrent aux soins intensifs doivent se laver les mains 22 fois par heure. Son calcul est simple : si l’on considère qu’un nettoyage complet prend en moyenne 1,30 minute, il ne reste plus beaucoup de temps pour soigner les patients.
La conséquence, nous l’imaginons bien. L’hygiène est relative, car certains omettent volontairement de se laver les mains.
Chaque année, ce sont 8 millions de vies sauvées !Interpellé, le jeune médecin décide de réagir et consulte un pharmacien, William Griffith, spécialiste des solutions alcoolisées. La formule qu’ils développeront est composée de chlorhexidine, un puissant antiseptique, et d’isopropanol, un alcool de synthèse à effet immédiat. De l’eau est associée à ce cocktail afin de permettre à l’alcool de se fixer sur les bactéries et de détruire les germes.
Le gel antibactérien est né !
La menace plane autour de nous
Soyons objectifs ! L’homme et son hygiène laissent parfois à désirer. En témoigne une récente étude menée par la très respectable Université du Michigan (US) selon laquelle plus de 15% des hommes quittent l’urinoir sans passer par la case lavabo. Les femmes quant à elles atteignent le score de 7%.
Si cette étude était menée en Europe, nous n’échapperions sans doute pas à cette moyenne. Pour le reste de la population, simplement passer ses mains à l’eau ou ne pas frotter suffisamment avec du savon réduit certes le risque de prolifération des bactéries, mais ne l’exclut pas totalement.
Bien entendu, la majorité des contacts que nous avons ne peuvent mener à une contamination importante. Par contre dans d’autres environnements, le risque est réel et les conséquences gravissimes. Les hôpitaux sont en effet le terrain de prédilection des bactéries et de leurs grandes sœurs, les maladies nosocomiales.
Pas gentils ces staphylocoques dorés !
Aujourd’hui, de nombreux gels antibactériens trônent à l’entrée des chambres d’hôpital. Les infirmières désinfectent leurs mains avant et après leur intervention dans une chambre auprès d’un patient. Ce petit geste sauve des vies.
Les cas et exemples de personnes contaminées lors d’un séjour à l’hôpital sont en effet nombreux. Toujours selon une étude américaine, ces bactéries touchent plus d’1,7 million d’Américains en cas d’hospitalisation. 6% d’entre eux en décèdent. Interpellant.
L’efficacité du gel dans ces circonstances est aujourd’hui prouvée. Grâce à lui, le risque de maladies nosocomiales est réduit. Mais il existe toujours. Il est important que son usage se généralise et qu’il devienne un réflexe, en milieu hospitalier, voire dans notre vie de tous les jours lors de risques d’épidémies.
David Pittet l’a très vite compris. C’est pourquoi il a décidé de publier sa formule afin d’en permettre la plus large exploitation et d’éviter ainsi la récupération commerciale que les sociétés pharmaceutiques auraient pu faire de ce produit….de grande consommation.
Les recommandations de l’OMS
Quant à la généralisation de ces gels antibactériens dans notre quotidien, les scientifiques sont plus réservés. Ils peuvent, selon certains médecins, donner aux utilisateurs un faux sentiment de protection. Certains les soupçonnent également de provoquer des résistances bactériennes et d’être des perturbateurs endocriniens.
L’Organisation mondiale de la santé rappelle que le lavage des mains classique est une façon très efficace de se protéger contre les maladies et de limiter la transmission des germes à l’entourage. Pour un lavage des mains efficace à l’eau et au savon, l’OMS recommande de frotter pendant 40 à 60 secondes : le dessus, les paumes, entre les doigts, les ongles et les poignets. En l’absence d’eau, ils recommandent d’utiliser un produit antibactérien contenant au moins 60 % d’alcool, comme ceux utilisés en milieu hospitalier.
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