À 16 ans, en 1979, l’Indien Jadav Payeng s’est mis à planter des arbres sur l’île aride de Mujali. Sa forêt est aujourd’hui plus grande que Central Park.

« Depuis trois ans, il plantait des arbres dans cette solitude. Il en avait planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille étaient sortis. Sur ces vingt mille, il comptait encore en perdre la moitié, du fait des rongeurs ou de tout ce qu’il y a d’impossible à prévoir dans les desseins de la Providence. Restaient dix mille chênes qui allaient pousser dans cet endroit où il n’y avait rien auparavant. »

« Il avait jugé que ce pays mourait par manque d’arbres. »

« Quand on se souvenait que tout était sorti des mains et de l’âme de cet homme – sans moyens techniques – on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d’autres domaines que la destruction. »

Ces quelques lignes sont extraites de l’une des oeuvres les plus puissantes de Jean Giono, « L’homme qui plantait des arbres ». Elles parlent de la Provence au début du 20e siècle et d’Elzéard Bouffier qui en transfigura le paysage, contre vents et marées, par son travail acharné.
Capture2Mais elles pourraient tout aussi bien renvoyer à l’histoire beaucoup plus récente de Jadav Payeng, cet Indien qui a passé plus de 30 ans de sa vie à reboiser l’île de Mujali, menacée par l’érosion, transformant un désert en une forêt luxuriante…
Située au nord-est de l’Inde, au milieu du fleuve Brahmapoutre, l’île de Mujali perdait de plus en plus de surface, et ses bancs de sable étaient peu propices à la vie. Mais Jadav Payeng, qui avait vu des animaux y mourir par manque d’ombre au lendemain de crues importantes, s’est mis en tête d’y replanter des bambous dans un premier temps. Après quelques années, la zone était devenue un bois de bambou et il risqua d’y faire pousser d’autre arbres, plus capricieux. Et cela marcha…

La forêt d’arbres de Molai, plus vaste que Central Park

Aujourd’hui, « sa » forêt, la forêt de Molai, compte des milliers d’arbres, s’étend sur des centaines d’hectares et est plus vaste que Central Park. La biodiversité s’y est bien sûr développée, l’arrivée de certains végétaux en entraînant d’autres, l’implantation de certaines espèces animales en amenant d’autres également. Des espèces menacées y ont trouvé refuge, comme des tigres du Bengale ou des rhinocéros à une corne. Des troupeaux d’éléphants aiment y faire escale ainsi que des oiseaux migrateurs. Les vautours sont aussi de retour.
Cette histoire a attiré l’attention du réalisateur William Douglas McMaster, qui lui a consacré le documentaire « Forest Man ».
Un beau conte des temps modernes, une histoire vraie qui montre que la volonté d’une seule personne peut déplacer des montagnes….ou en tout cas redonner vie à toute une île.