À Lille, des bus roulent grâce au gaz issu des déchets organiques. L’expérience, démarrée en douceur avec quelques bus il y a 20 ans, s’est étendue : une centaine de bus roulent au biogaz…

On ne le dira jamais assez : nos poubelles recèlent un véritable trésor! Lorsque les matières organiques végétales ou animales fermentent en l’absence d’oxygène, elles produisent du méthane : c’est ce qu’on appelle le biogaz. Tous les résidus organiques peuvent être valorisés par la biométhanisation. Un quart de nos ordures ménagères sont en réalité des biodéchets : tontes de gazon, tailles de haies, fleurs fanées, épluchures…

Lille, pionnière en matière de biogaz

La Communauté urbaine de Lille – plus d’1 million d’habitants sur 600km2 – l’a compris depuis longtemps, elle qui s’est lancée dans un projet pilote en la matière dès les années 1990. En développant son plan de transports publics, elle a d’une part mis l’accent sur les modes de transports existants comme le train, le métro ou le tramway et d’autre part investi dans un réseau de bus utilisant des énergies peu polluantes, en l’occurrence du biogaz. Le projet a commencé de façon expérimentale, avec un bus en 1994, 8 bus en 1999. Comme pour tout projet novateur, l’évolution a été assez lente, mais aujourd’hui, il s’est largement développé pour atteindre 100 bus roulant avec ce gaz. Durant les 3 premiers mois de 2015, ce sont plus d’1,6 million de kilomètres qui ont été parcourus par les bus fonctionnant au gaz vert!

De nos poubelles ménagères aux déchets des espaces verts

C’est le Centre de valorisation organique (cvo) de Lille métropole qui produit le gaz utilisé par les bus lillois à partir des déchets organiques : pour 10 à 15% , il provient de la collecte sélective menée auprès des habitants, le reste, soit 85 à 90%, est issu des déchets verts déposés en déchetterie (parcs à conteneurs), ainsi que des déchets organiques provenant de la restauration collective publique et des espaces verts. Outre le méthane, 25.000 à 30.000 tonnes de compost seront également produites chaque année dans ce centre de valorisation. À terme, la production annuelle de cette unité de biométhanisation devrait atteindre 4.111.000 m3/an de biogaz, soit l’équivalent de 4.480.000 litres de diesel. La production devrait couvrir les besoins d’une centaine de bus qui desservent quotidiennement la communauté urbaine.

 

cycle des déchets

La boucle est bouclée… (schéma du CVO)

Moins d’émissions polluantes

Les avantages ? Au niveau des performances techniques des bus, apparemment aucune différence; les nuisances olfactives et sonores sont réduites – le niveau de bruit est divisé par 2 par rapport à un moteur diesel -; mais surtout la combustion de ce gaz naturel de ville ne produit pas d’oxyde de soufre, de plomb, de poussières, peu d’oxydes d’azote et beaucoup moins de monoxyde de carbone. Par ailleurs, la récupération du biogaz produit par les décharges est doublement intéressante, car la quantité de déchets diminue et le méthane libéré dans l’atmosphère par la fermentation naturelle des déchets organiques est un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO² produit par sa combustion!

Notons aussi que l’énergie du biogaz provient uniquement du méthane : le biogaz est ainsi la forme renouvelable du gaz naturel fossile. Celui-ci contient essentiellement du méthane, mais aussi du butane, du propane et d’autres éléments.

Enfin, actuellement, dans le monde, plus de 90 % des bus de transport public roulent au diesel. Or, L’Organisation Mondiale de la Santé a classé les gaz diesel comme « cancérigènes ».

Dès le 27 juin 2015, l’exposition du Pass « Énergie, les nouveaux rêves » proposera différentes expériences pour mieux comprendre les différentes formes d’énergie; elle présentera également les enjeux du futur au niveau énergétique. On y parlera notamment de ce pari fou des transports en commun lillois.