Jusqu’ici, l’économie est essentiellement linéaire : on prélève, on utilise, on jette. L’économie circulaire prône quant à elle une meilleure préservation des matières premières, qui ne sont pas inépuisables. On parle aussi de « cradle to cradle », « du berceau au berceau ». Explications…
« Prendre, fabriquer, jeter » : c’est sur cette base qu’est construite l’économie actuelle, quel que soit le produit pris en compte. On prend du coton ou du lin, on le transforme en vêtement, puis on jette ces tissus quand on les a assez portés. On prend du pétrole, on fabrique des objets en plastique, qui n’ont qu’une vie temporaire dans nos maisons…mais resteront de longues années en décharge. Faites ce jeu avec tout ce qui vous entoure : vous arriverez à la même conclusion; c’est ce qu’on appelle désormais l’économie linéaire.
Mais on le sait, les ressources de la planète sont loin d’être inépuisables; par ailleurs, en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique, plusieurs millions de personnes aspirent à augmenter leur niveau de vie et, si on continue sur le même modèle, on risque d’aller droit dans le mur.
« Du berceau au berceau » : une économie plus responsable
Par opposition à cette économie linéaire, un nouveau courant est né, plus responsable, plus respectueux de l’environnement : celui de l’économie circulaire, dont l’un des fondements vise à prévoir, dès sa création, la fin de vie d’un produit pour économiser les ressources et réduire les déchets.
Tout cela s’inspire des cycles présents dans la nature. Les déchets générés par une espèce, comme les feuilles mortes d’un arbre, nourrissent d’autres espèces, comme les insectes, qui eux-mêmes deviendront des nutriments utiles à d’autres.
Transposée à l’échelle industrielle, cette symbiose permet de valoriser le déchet d’une industrie partenaire ou voisine. Ces collaborations associent une conception intelligente à de nouveaux processus industriels cycliques qui participent au développement d’une économie verte. Plus qu’un nouveau concept à la mode, l’économie circulaire est, pour ces promoteurs, un pas vers une troisième révolution industrielle mondiale. Avec d’énormes potentialités économiques !
La Fondation Ellen Mc Arthur s’emploie depuis sa création à promouvoir ces principes novateurs, comme vous pouvez le découvrir dans l’une de ses nombreuses vidéos :
Desso et ses moquettes, pionnière en économie circulaire
L’économie circulaire, c’est à la fois apprendre de la nature, revoir nos modes de consommation, créer et innover, agir en synergie, régénérer …Bref : fabriquer mieux sans gaspillage.
L’entreprise Desso, implantée notamment aux Pays-Bas et en Belgique dans le secteur de la moquette, constitue un exemple très cohérent de cette nouvelle « façon de penser », de ce concept de « Cradle to cradle ». Ses dirigeants sont partis du constat qu’en Europe, on jette actuellement environ 1600 kilotonnes de moquettes usagées, dont 60% finit en décharge et une grande partie restante est brûlée dans des incinérateurs. La plupart de ces déchets, en particulier le nylon, ne sont pas biodégradables…
Désormais donc, dès sa conception, l’entreprise Desso anticipe le recyclage des matériaux : tous les matériaux pourront être réutilisés dans la fabrication de nouveaux objets ou pour répondre à d’autres usages. Pour l’étape de la fabrication, Desso s’est associée à une société spécialisée dans la purification de l’eau afin de réutiliser les déchets de craie de leur activité… comme matière première!
Au niveau de l’énergie, les usines turbinent en partie grâce à la biomasse. Elle provient de la combustion de mauvaises herbes et des matières grasses de restaurants. L’hydroélectricité et l’énergie solaire complètent ce mix énergétique, qui satisfait tous les besoins du site de production. Et lorsqu’elle arrive chez le consommateur, cette moquette peut se louer. Lorsqu’elle est usée ou que celui-ci n’en veut plus, le fabricant la récupère, la recycle et réutilise les matériaux. L’histoire de la moquette usée ne s’arrête donc pas là ! L’entreprise va séparer ses composants. Le fil est rapporté aux fournisseurs pour être recyclé et servir à la fabrication de nouvelles moquettes. Le bitume présent dans la sous-couche sera, quant à lui, vendu pour devenir la matière première de routes ou de toitures…
Le programme wallon Next
En Région wallonne, le programme NEXT vise à insuffler le concept d’économie circulaire dans le processus de reconversion, en amenant les responsables industriels et économiques à « penser transversal ». La première phase du projet a permis d’identifier 120 pistes de synergies potentielles allant dans ce sens, parmi lesquels certains sont facilement applicables, comme la récupération de chaleur pour séchage, la récupération et valorisation de solvants, tandis que d’autres devront se faire par étapes successives. Cette petite révolution dans la façon de penser l’économie doit également s’opérer au niveau de l’enseignement supérieur : les étudiants, futurs acteurs dans la société, sont désormais sensibilisés à l’économie circulaire et travaillent de manière transversale en intégrant plusieurs disciplines dans la résolution de problèmes rencontrés. Pour Jean-Claude Marcourt, ministre compétent en la matière, l’économie circulaire est un énorme gisement d’emplois potentiel.
Dans l’exposition « Energie, les nouveaux rêves« , un jeu vous permet de mieux comprendre le concept innovant d’économie circulaire. Parce que l’énergie prend une part importante dans nos façons de consommer…
Autre article du blog qui aborde la notion de « cradle tou cradle » : http://blog.pass.be/societe/la-mode-se-recycle/
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