Le royaume de la testostérone
Les chiffres sont formels : les filières STEM sont fréquentées par une majorité d’hommes. En Belgique, moins de 25 % de femmes sont diplômées en ingénierie, moins de 20% en physique et moins de 10% en sciences informatiques[i]. Seulement 13 % des start-up numériques belges sont créées par une/des femmes.
Or, il se trouve que ce n’est en aucun cas une question de prédisposition intellectuelle. À en croire les études TIMSS 2015 et PISA 2012, les capacités d’apprentissage des hommes et des femmes en sciences sont identiques[ii]. De surcroit, hommes et femmes sont égaux face au QI (en moyenne 98)[iii].
Une discrimination inconsciente mais constante
Derrière tout cela, il y a surtout une histoire de stéréotypes discriminatoires. Les filles désireuses de poursuivre des études ou une carrière en STEM sont souvent découragées par leur environnement ou entourage.
Les traitements stéréotypés commencent dès le plus jeune âge. Les petites filles reçoivent en cadeau des poupées, alors que les garçons se voient offrir des camions. La BBC a récemment fait le test suivant[iv] : un adulte pense qu’il garde la petite Sophie, alors qu’il s’agit en réalité du petit Edward habillé d’une robe. Quel jouet va-t-il lui proposer? La majorité des adultes ont systématiquement choisi une poupée ou une peluche rose pour la fille qu’ils se contentaient d’agiter sous ses yeux, alors que le garçon se voyait proposer un robot, une toupie et une petite voiture accompagnés de la question: « what does this do? ». Proposer des jouets stéréotypés peut paraître innocent. Cela a cependant des conséquences non négligeables sur le développement des enfants. En effet, les « jouets pour garçons » tels que les véhicules, des jouets de construction, etc., favorisent la dextérité, la perception spatiale et l’aisance physique.
Une fois arrivés à l’école, les enfants continuent d’être confrontés aux représentations genrées. Une analyse des manuels scolaires STEM par la Fédération Wallonie-Bruxelles[v] a trouvé que, seules 30% des photos/illustrations représentent des femmes/filles, et que parmi les scientifiques mis en évidence, seules 10% sont des femmes.
On retrouve les mêmes tendances dans les médias et la culture populaire. Dans le cinéma par exemple, moins de 15% des personnages occupant un poste dans le domaine des STEM sont interprétés par une femme[vi].
Les professeurs de sciences ont également tendance à se montrer plus exigeants envers les élèves féminines. Un test a été réalisé en Fédération Wallonie-Bruxelles lors duquel il était demandé à des professeurs de mathématiques d’évaluer des copies fictives identiques (attribuées soit à une fille, soit à un garçon pour les besoins du test). Les chercheurs ont observé que les très bonnes copies attribuées à un garçon étaient systématiquement mieux évaluées que les copies identiques lorsqu’elles étaient attribuées à une fille[vii].
L’intériorisation des stéréotypes
Au bout d’un certain moment, les filles finissent par y croire…
Si filles et garçons ne présentent pas de capacités cognitives différentes, il n’en va pas de même concernant la perception de leurs propres capacités. Plusieurs études montrent qu’à compétences égales, plus d’une fille belge sur 2 est convaincue (à tort) qu’elle sera moins performante et moins compétente qu’un garçon en STEM[viii].
Isabelle Régner et Pascal Huguet (Laboratoire de psychologie sociale et cognitive, France), ont mené des études auprès de plus de 600 collégiens[ix]. Un test identique a été proposé à deux groupes de filles et de garçons. Lorsqu’il a été présenté comme un test de géométrie, les garçons le réussissaient clairement mieux que les filles. Lorsque le même test a été présenté comme un test de dessin, les filles performaient nettement mieux.
Cependant la perception de ses propres capacités est certainement un critère essentiel dans le choix de sa voie professionnelle. Or, les filles ont une mauvaise perception de leurs compétences dans les filières STEM, ainsi qu’une fâcheuse tendance à se sous-estimer. Ce qui les détourne des études ‘dures’ en STEM.
SPARKOH! apporte sa pierre à l’édifice
À l’occasion de la journée internationale des filles et femmes de science, SPARKOH! recevait Madame la Ministre Valérie Glatigny, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Jeunesse, pour parler STEAM, présenter les initiatives entreprises avec SPARKOH! et le lancement des capsules « C’est Génial! » en collaboration avec Glassroots.
Voici quelques projets à venir !
- « Si si…les STEM, c’est girly ! » :
une campagne d’influence sur Instagram et TikTok pour promouvoir les STEM auprès des filles.
- Une nouvelle exposition interactive
Elle abordera la thématique des métiers STEM, des technologies et des techniques de demain à travers une approche innovante maillant savoir-faire et savoir-être.
- Une semaine spéciale de sensibilisation aux STEM
Pour présenter leur passionnante transdisciplinarité et, surtout, casser les stéréotypes de genre. A l’agenda : un escape game scientifique, un temps d’expérimentation libre, une séance d’invention et des rencontres avec des professionnels.
- « C’est Génial! »
«C’est Génial!» est un projet initiée par l’entreprise pharmaceutique Johnson & Johnson qui s’est adressée au bureau Glassroots afin d’assurer une campagne massive (relayée via Facebook, Snapchat, Instagram, TikTok,) auprès des enfants âgés de 10 à 14 ans avec pour principale mission de motiver et intéresser les jeunes aux métiers STE(A)M de manière 100% ludique à travers, notamment, des capsules vidéo montrant des expériences liées aux STE(A)M. Après un succès énorme en Flandre, les capsules francophones sont tournées au SPARKOH! et seront relayées par 4 influenceurs de renom via l’ensemble des différents réseaux sociaux dès ce 11 février 2022.
Téléchargez le dossier de presse de la Conférence du 11.02.2022 au SPARKOH!
[i] Groupe d’experts sur le changement structurel (2012) Research and Innovation Structural Change in Research Institutions: Enhancing Excellence, Gender Equality and Efficiency in Research and Innovation. Direction générale de la recherche et de l’innovation. Commission européenne : Bruxelles.
[ii] https://www.oecd-ilibrary.org/education/l-egalite-des-sexes-dans-l-education_9789264230644-fr
[iii] https://www.science-et-vie.com/questions-reponses/hommes-et-femmes-ont-ils-le-meme-qi-11076
[iv] https://www.youtube.com/watch?v=nWu44AqF0iI
[v] http://www.ufapec.be/nos-analyses/0117-stereotypes-manuels-scolaires.html
[vi] https://www.unwomen.org/fr/news/stories/2014/9/geena-davis-study-press-release
[vii] https://www.agoria.be/fr/Ou-sont-les-femmes-ingenieures
[viii] https://www.oecd-ilibrary.org/education/resultats-du-pisa-2015-volume-iii_9789264288850-fr
[ix] https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03126580
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